Les Larmes du Saule - Collectif des Artisans de Kryte Guilde RP sur Guild Wars 2 - Serveur Mer de Jade |
| | Shilkyn Tysian | |
| | Auteur | Message |
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Eshän Sinan Kassab
Messages : 493 Date d'inscription : 20/10/2011 Age : 31 Localisation : In the Sky with Diamonds
| Sujet: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:14 | |
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- Race : Spectre
- Classe : Nécromant
- Votre personnage en quelques mots : Shilkyn est une saleté. Les seules personnes à avoir perçu son côté aimable sont folles ou ont eu la chance de le croiser dans un bon jour. Sadique et complètement fou, Shilkyn a longtemps été le Portemort de la compagnie, en charge de la traque et l'élimination des déserteurs. Désormais, il se contente de surveiller le Refuge de la compagnie et de tuer tout intrus cherchant à s'en approcher.
Ce que peu de personnes savent, c'est que Shilkyn n'est pas... ou n'est plus humain. Shilkyn est un fantôme dont l'esprit est hanté par celui d'un nécromancien d'un autre âge, Fendi Nin. En soi, Shilkyn n'était qu'un capitaine Pirate, loin de connaître toute maîtrise de la nécromancie. Un seul conseil pour les rares fois où Shilkyn ne peut plus empêcher Fendi Nin de prendre le contrôle : soyez-lui utile ou fuyez. Ah et au fait, pour Archimède. Ne posez pas de question.
- Répliques cultes : "Est-ce que je vous demande si votre femme n'a de charrette que le nom ou aussi en point commun avec le véhicule celui d'être tirée par deux animaux à la fois ?"
Chapitre I - 1302 A.E - Spoiler:
D’aussi loin que se souvenait Shilkyn, jamais quelqu’un qui l’ait réveillé avec un sceau d’eau en plein visage n’avait d’intention amicale envers lui. Il soupçonnait l’énorme charr responsable de ce jet d’eau en face de lui de ne pas avoir envie d’être l’exception qui confirme la règle. Shilkyn essaya de bouger les bras mais les liens qui les maintenaient au dessus de sa tête étaient solides. Le charr attrapa alors son visage, écrasant la mâchoire de Shilkyn sous ses énormes doigts griffus. « Que faisais-tu ici, humain ? Es-tu un espion ? » Shilkyn essaya vaguement d’articuler, chose difficile quand on vous tord une partie du crâne. Le charr reposa ses questions avant de desserrer son étau. Shilkyn reprit lentement son souffle avant de relever sa tête vers la créature humanoïde. « Je me suis fait avoir par une compagnie qui organisait des vacances. On m’avait parlé de jeunes demoiselles en petite tenue… » Le charr poussa un cri de rage et lacéra violemment le visage de l’humain. « Ne te moque pas de moi, humain ! Que faisais-tu ici lorsque nous t’avons capturé ? _ Je cherchais les jeunes demoiselles… non pas que j’aie horreur des représentantes féminines de votre race, mais je ne suis pas vraiment un fanatique de poils… D’ailleurs, on les appelle comment… les charrettes ? » Le charr allait à nouveau frapper Shilkyn lorsque ce dernier réussit à dégager une de ses deux mains. Il réussit à frapper en premier et profita de l’arrêt que marqua le charr, plus surpris que blessé par le coup de poing plutôt faiblard, pour tendre son bras vers un râtelier posé non loin dans la casemate. Le charr hurla et se jeta sur l’humain… Trop tard. Shilkyn avait attrapé une hache qu’il enfonça violemment dans le crâne de la créature. Laissant le charr tomber au sol dans une gerbe de sang, toujours la hache dans sa tête, Shilkyn s’employait à libérer son autre bras lorsqu’un bruit grave de corne retentit à l’extérieur de la pièce. « Déjà ? Rapides… » Une fois libéré, il récupéra sa hache et fonça vers la porte de sortie qui s’avéra être fermée de l’extérieur. Tandis que Shilkyn s’employait à essayer de l’ouvrir, quelque chose de l’autre côté la défonça violemment, de même que le visage de l’humain, au passage. Shilkyn se releva difficilement et se retrouva en face d’une énorme femme extrêmement musclée munie d’un marteau en acier qui observa la salle d’un regard furieux avant d’en arriver enfin à l’humain qui se relevait avec difficultés devant elle. Il se tenait la tête d’une main, le reste de son visage étant caché par d’épais cheveux bruns et une fine barbe. Il tituba devant la barbare en grommelant quelque chose comme « pas ça une jeune femme en petite tenue… » et s’envola avant de s’écraser dans un tas de caisses en bois lorsque ladite femme lui décocha un grand coup de marteau en pleine tête. *** Lorsque Shilkyn ouvrit un œil, il se retrouva nez-à-nez avec une sauterelle un peu plus grosse que la normale qui semblait le regarder d’un œil d’inquiet. « Quoi… J’ai l’air d’un cadavre ? Allez, dégage, retourne à la place qui t’est due… » La sauterelle couina avant de disparaître du champ de vision de l’humain qui se releva lentement après avoir dégagé la caisse qui lui était tombée dessus. Il avait une migraine abominable et y voyait flou. Voyant que la barbare était partie en laissant la porte ouverte, Shilkyn ramassa la hache et tituba jusqu’à l’extérieur de la pièce. Le bâtiment n’avait pas de fenêtre. Il était donc fortement fortifié ou bien Shilkyn se trouvait en sous-sol. Sur son chemin, il ne croisa que des cadavres d’humains vêtus de pagne et de charrs lourdement armés. Les bruits de combats résonnaient dans le bâtiment et Shilkyn n’arrivait pas à les situer. Il tituba au hasard jusqu’à tomber sur un escalier menant à un étage supérieur. Le bruit des combats se rapprochait tandis que Shilkyn montait et effectivement, il se retrouva une fois à l’étage sur un duel entre un charr et un barbare. Ces deux ne l’avaient pas repéré, ainsi, il s’accroupit derrière quelques caisses de métal et observa la scène. Rapidement, le charr réussit à littéralement couper le barbare en deux dans le sens de la longueur et commença à s’éloigner de l’endroit où était caché Shilkyn… Qui entendit derrière lui un « grmmfff » plein de douceur, d’amour, de gaité et de tendresse. Il se retourna juste à temps pour que la main de l’énorme femme barbare lui attrape le cou, le soulève, l’étrangle, et le projette en direction du charr. Shilkyn s’écrasa encore une fois au sol, il voyait des étoiles partout autour de lui. Il entendait la barbare se battre contre le charr qui finit bientôt encastré dans le plafond. La barbare revint à Shilkyn et recommença à l’étrangler. Shilkyn battait des pieds dans le vide et allait bientôt tomber dans les pommes lorsque dans un réflexe désespéré, il posa sa main sur le bras de l’humaine monstrueuse. « Leur monstre est là dedans. Il faut y aller ! _ Tu rigoles ? Ce truc a tué plus de dix de nos soldats, c’est pas à deux qu’on va y arriver ! » Les deux charrs se tenaient à l’entrée d’une casemate au milieu de la ville, entrée située en haut d’un escalier, sur un balcon qui dominait la place centrale de la cité charr, envahie par un nombre impressionnant de barbares. Ils entendirent le cor charr s’arrêter dans un gargouillis au loin. Du côté opposé, la cité était en feu, enveloppée par un nuage de cendres dense. La seule chance des charrs reposait sur deux détails : attendre le retour de leur meilleur guerrier qui ne manquerait pas de remarquer les flammes qui envahissaient la cité et enfermer l’humaine monstrueuse à l’intérieur de la casemate fortifiée, autant conçue pour empêcher les gens d’y entrer que d’en sortir. Tandis que les deux charrs se questionnaient dans la marche à suivre, tiraillés entre leur si célèbre honneur qui les poussait à entrer dans la casemate et leur sens inné de la survie qui les poussait à courir vers n’importe-où ailleurs, d’élever du bétail dans une maison tranquille où ils mourraient vieux et… La porte d’entrée de la casemate s’envola dans les airs, défoncée de l’intérieur par la barbare. Les deux charrs dégainèrent leurs lames et remarquèrent quelque chose d’étrange. L’énorme femme fixait droit devant elle dans un regard vide et bavait légèrement. Elle observa passivement un des deux soldats enfoncer sa lame dans son ventre et ses tripes s’étaler au sol sans broncher et attrapa les deux charrs par la tête, les souleva et leur fracassa le crâne en les cognant l’un l’autre. Shilkyn sortit alors du bâtiment et s’appuyant contre la rambarde du balcon et s’employa à observer la bataille qui faisait rage en contrebas. Les charrs étaient en difficulté, entourés par un grand nombre de barbares. Ils n’étaient plus que quatre lorsqu’un nouveau charr arriva en trombe par une ruelle à la gauche de Shilkyn et enfonça littéralement les rangs des humains. La bataille tourna rapidement suite à l’arrivée de ce dernier en faveur des charrs. Shilkyn l’observait attentivement. Il ne semblait pas ressentir la douleur de ses multiples blessures, obnubilé par la décharge d’adrénaline que lui procurait le combat. Quatre, trois, puis deux, les charrs parvinrent à vaincre les barbares. Shilkyn applaudissait mentalement lorsqu’un barbare se releva et transperça un des deux charrs d’une longue lance. Le dernier survivant, celui qui était arrivé en retard dans la bataille, écrasa le crâne du barbare avant de recueillir les dernières paroles de son camarade mourant et de tituber vers la sortie de la cité, laissant derrière lui une trainée de sang. Shilkyn lâcha la rambarde et se prépara à suivre le charr blessé par simple curiosité lorsqu’un grognement retentit derrière lui : c’était l’énorme barbare qui le fixait de son regard vide, ses tripes dans les mains. « Ah oui, désolé… C’est bon, tu peux mourir. » La barbare explosa tandis que Shilkyn descendait l’escalier en redressant le col des haillons bruns qui lui servaient de vêtements. Shilkyn rattrapa rapidement le charr à l’extérieur de la ville qui rampait et se traînait au sol. Il s’arrêta subitement et se retourna vers l’humain. Un filet de sang coula de sa bouche et il s’évanouit. Shilkyn s’avança tranquillement vers la créature mourante et la poussa un peu du bout du pied. « Déjà mort ? J’aurais espéré que tu sois plus solide boule de poils. » Le charr poussa un râle vaguement articulé comme : « plus d’honneur » et retomba dans l’inconscience. « Oh… » Shilkyn attrapa la patte avant-droite de la bête et la traina derrière lui jusqu’à une petite grotte non loin. Ce fut une des choses qu’il regretta le plus tout au long de sa vie. Shilkyn observait le charr depuis un moment… Un long moment. Ce dernier avait les entrailles transpercées et gisait presque exsangue sur le sol froid de la grotte sans avoir apparemment l’envie de mourir ou de refaire surface parmi les vivants. Il se contentait de gésir là, devant Shilkyn qui commençait à s’ennuyer voire à s’impatienter un peu. Le sang du mourant s’arrêta bientôt de couler, coagulant et noircissant à l’extérieur des plaies, mais il ne mourrait pas. L’humain soupira alors profondément et sauta en bas de la stalagmite sur laquelle il s’était installé pour atterrir juste à côté du gisant poilu. Il approcha alors sa main du visage du mourant et s’apprêtait à le toucher lorsqu’un piaillement strident retentit dans la grotte, créant un effet d’écho surpuissant et assourdissant. Shilkyn se figea dans son mouvement avant de se retourner lentement vers… Un oisillon squelettique au sens propre du terme qui le fixait amoureusement de ses grandes orbites vides (certains se demanderont comment il faisait), du haut de ses dix centimètres. « Déjà de retour, Archimède ? _ Pi ! _ Tu l’as trouvé ? L’oisillon adopta un air pitoyable. _ Pi… _ Comment ça « pi » ? Tu veux dire qu’on a fait tout ce chemin pour rien ? C’est pas possible ! Il y a des milliers de fantômes et autres mort-vivants ici, c’est impossible qu’il ne soit pas là ! Ascalon, Archimède, Ascalon ! La plus grosse concentration d’humains idiots et morts de toute la Tyrie voire du monde entier depuis Orr ! Telraan Noirespoir, Archimède ! Telraan Noirespoir, la prosopopée ambulante, l’apophtegme absolu, la bible que personne ne peut lire ! Et tu crois qu’on va faire quoi maintenant ? Rentrer comme ça en Kryte ? L’oisillon sautilla de joie. _ Pi ! Shilkyn soupira. Profondément. _ Je suppose que tu as raison… Il finira bien par refaire surface tout seul comme un grand… Allez, monte. » L’oisillon sauta sur la main de Shilkyn puis grimpa jusqu’à son épaule. Il se remit à piailler tandis que Shilkyn s’apprêtait à partir. « Non, on n’embarque pas le charr, je considère que si je ne l’ai pas trouvé mort, c’est qu’il méritait de ne pas nourrir les locustes. _ Pi ? _ J’ai dit « non ». Tu voudrais que j’en fasse quoi, que je l’invite en Kryte parce qu’il a plus de maison, qu’il ne peut plus rejoindre sa patrie parce qu’il a été déshonoré en perdant contre de pitoyables barbares, qu’il n’est jamais sorti de son trou paumé et qu’il est probablement convaincu que les dragons ancestraux sont la pire chose de l’univers ? _ Pi. _ Comment ça il me ressemble ? Je suis désolé, même si je n’ai ni honneur ni véritable maison, je suis convaincu que les six bestioles volantes ne sont pas les pires choses qui soient. _ Pi ? _ Non. _ Pi ! _ Bon, écoute, je vais le traîner avec nous, juste parce que ça fera toujours ça à donner aux locustes pour qu’elles y pondent des œufs quand elles en auront besoin. » Shilkyn attrapa le gros orteil d’une des pattes du charr et s’employa à le tirer derrière lui tandis qu’il avançait.
Dernière édition par Shilkyn Tysian le Mer 17 Avr - 14:53, édité 6 fois | |
| | | Eshän Sinan Kassab
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| Sujet: Re: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:15 | |
| Chapitre II - 1302 A.E - Spoiler:
« Cinq cent pièces la traversée ? Depuis quand ce portail est-il payant ? _ Depuis que la loi de l’offre et de la demande s’applique. Si tu n’es pas content, trouve-toi un autre portail, le plus proche doit bien être de l’autre côté de ce désert. » Shilkyn soupira. Cet asura était probablement le plus grand arnaqueur qu’il ait jamais rencontré, et il ne pouvait même pas user de la force pour le contraindre à ouvrir le portail asura vers la chambre de transfert sans payer. De dépit, il se laissa choir le dos contre le mur d’une des maisons de la petite ville neutre d’Ascalon septentrionale. Cette ville-frontière avec les luxuriantes plaines du nord d’Ascalon était réputée comme étant un centre majeur de la contrebande de l’est de Tyrie, aussi, des représentants des quatre races y vivaient en bonne harmonie, ou du moins en assez bon termes pour qu’une guerre ouverte ne soit pas déclarée. Archimède regarda tour à tour Shilkyn et le charr toujours entre la vie et la mort. Son petit cerveau d’oiseau se demanda alors tout un tas de choses dont aucune ne saurait apporter de détail truculent ou important à cette histoire, comme imaginer Shilkyn sous la forme d’un énorme tas de sauterelles hautement comestibles. Shilkyn se réveilla en sursaut lorsqu’Archimède lui mordilla son oreille droite. Il se retrouva alors face à face avec deux personnes tenant des torches. Elles étaient à contre-jour, aussi, il ne parvint pas à discerner leurs visages, mais il lui sembla y voir au moins une silhouette féminine avant que la lumière ne le force à baisser les yeux. « C’est un cambriolage ? Grommela Shilkyn, on n’a rien avec nous. _ Je sais. » Une des deux personnes était bien une femme, plutôt jeune à la voix. Elle lui tendit la main tandis que l’autre silhouette s’employait à soulever le charr tant bien que mal. Shilkyn regarda la main et se leva sans avoir besoin d’aide. « Et vous voulez… ? demanda Shilkyn agressivement. _ Sauver la vie de votre ami qui semble être en détresse. _ Très aimable à vous, mais il est en train de passer un test de survie, je ne suis pas sûr que le soigner soit une bonne idée. _ Vous êtes vraiment drôle, rit la voix d’un éclat cristallin, ne vous inquiétez pas, nous vous hébergerons tous les deux. _ Pi ! _ Tous les trois, oui, tu as raison, dit la jeune femme en attrapant délicatement l’oisillon qui se mit instantanément à ronronner. Il a un nom ? _ Archimède… Depuis quand n’êtes vous pas terrifiée par les squelettes vivants ? _ Depuis que je connais mon mari, je vous expliquerai devant un bon thé bien chaud ! _ C’est un mort-vivant ? La jeune femme repartit d’un éclat de rire léger. _ Mais non, bêta ! Je vous expliquerai, allez, venez ! » Sur ces mots, elle attrapa la main de Shilkyn et se mit à gambader vers l’extérieur de la ville, difficilement suivie par l’autre personnage qui, en plus du charr, semblait porter un énorme sac sur son dos. Leur chemin les mena à l’extérieur de la ville, jusqu’aux montagnes qui servaient de frontières entre la région désertique d’Ascalon et les terres fertiles du Nord. Ils ne s’engagèrent dans la passe que le temps de trouver un petit chemin et de l’emprunter, s’enfonçant dans une forêt épaisse. Shilkyn se surprit vaguement à se sentir jaloux de savoir Archimède sur l’épaule d’une inconnue plutôt que sur la sienne, mais il n’eut pas trop le temps de s’ennuyer : le chemin des trois personnes déboucha sur une vieille maison de bois humide posée au milieu d’une clairière. Elle semblait presque en ruines. Comme sentant son interrogation, la jeune femme se tourna vers Shilkyn pour lui expliquer. Ce fut la première fois qu’il vit son visage. Faites vous-en la description que vous voulez, mais dites-vous juste qu’elle était magnifique. N’allez cependant pas croire que Shilkyn tomba amoureux, le bougre ne ressentit même pas une montée d’hormones, même faible. « C’est l’ancien poste-frontière d’Ascalon, de l’époque où les humains colonisaient encore la région, avant le cataclysme. Maintenant, les quatre races ont créé des routes avec des postes fortifiés bien plus solides et imposants que cette demeure. _ Vous vivez ici ? _ Seulement de façon temporaire. Mon mari a eu quelques problèmes avec certaines personnes et il m’a envoyé ici me cacher avec Rodolphe. Shilkyn se retourna vers ledit Rodolphe qui soufflait comme un mufle en les rejoignant, il n’en pouvait plus, aussi, il posa le gros sac à terre ainsi que le charr mourant. _ Et qui vous dit que je ne suis pas une de ces personnes peu fréquentables ? _ Vous n’avez pas l’air d’un homme de loi. _ De ce point de vue, en effet… _ Syïlian. _ Shilkyn. »
Shilkyn dormit dans un fauteuil poussiéreux et dans la plus totale insouciance du risque que présentait le fait de dormir chez des gens considérant les hommes de loi comme peu fréquentables, tandis que Syïlian et Rodolphe s’employaient à raccommoder le charr. Lorsque Shilkyn se réveilla, il fut surpris de sentir quelque chose de chaud contre lui. Il ouvrit les yeux pour tomber sur la jeune femme qui l’avait probablement pris pour un coussin pour la nuit. Shilkyn soupira et la posa délicatement sur le fauteuil avant d’entreprendre la visite des lieux de jour. La maison était plutôt grande de l’intérieur. Au moins un salon, un hall et une cuisine au rez-de-chaussée où il avait dormi. Il retrouva Rodolphe dans la cuisine en train de peler des fruits au couteau, assis à une table. Quand il entendit l’homme arriver, il leva les yeux vers lui. « Bien dormi ? _ J’ai eu trop chaud et je me sentais étouffer… Au moins j’ai compris pourquoi. _ Il ne faut pas trop lui en vouloir. Elle est en manque d’affection. _ Génial, dit Shilkyn en soupirant et en se tirant une chaise afin de s’asseoir à table. Pour changer de sujet, que faites-vous ? _ Des pommes. _ Pardon ? _ De la compote de pommes. Je les pèle avant de les écraser, de sucrer le tout et cætera, vous n’avez pas l’air d’un grand fanatique de cuisine, je ne vais pas vous ennuyer avec ça. _ J’avoue ne pas être un éminent spécialiste en la matière. Mais la question que je viens de vous poser était plus au sens général du terme. _ Ah, ici ? _ Oui, voilà. _ Eh bien nous fuyons ceux envers qui monsieur Yrvyn a des dettes. _ Monsieur ? _ Yrvyn. Le mari de madame Syïlian. _ Yrvyn, ce nom me dit vaguement quelque chose, marmonna Shilkyn en se grattant la barbe. Cette famille n’était pas fortement aisée ? _ Oh non, pas depuis leur célèbre ancêtre, Leandre Yrvyn. Leur fortune a, je le crains, été gaspillée un peu partout au fil des ans par tous ses descendants. _ Je vois. _ Votre ami devrait se réveiller aujourd’hui. Nous l’avons soigné toute la nuit et madame Syïlian a un peu usé de magie. Tout devrait aller bien. _ Ce n’est pas vraiment un ami, mais bon. » La discussion fut interrompue par l’arrivée de Syïlian Yrvyn qui s’assit également à table, après avoir volé une pomme à Rodolphe. « Au moins tu sais pourquoi ton sac était si lourd hier, fit elle avec un sourire en coin, c’est sûr qu’avec autant de livres de pommes… _ La compote est un fortifiant naturel, excellent pour lutter contre le sommeil et les maux de ventre, idéal pour les réveils difficiles en somme. _ Tu m’étonneras toujours Rodolphe, fit-elle avant de se retourner vers Shilkyn qui venait de retrouver Archimède qui jouait au milieu des pelures. Bien dormi, monsieur Tysian ? _ Vous connaissez mon nom ? _ Vous parlez en dormant. _ … Possible. »
Les trois personnes sursautèrent lorsque la porte d’entrée à quelques pas de la cuisine fut brutalement défoncée par plusieurs hommes qui, au bruit, se pressèrent d’entrer dans la maison en ruines. Rodolphe se jeta dans un meuble, bientôt suivi par Syïlian qui fit à Shilkyn de les suivre. Ce dernier se contenta de les regarder et de refermer la porte du placard, avant de se retourner et de se retrouver face à cinq hommes en armes. « Plaît-il ? _ Le voilà ! Rends-toi immédiatement, Yrvyn ! On sait qui tu es et tu vas avoir droit à un beau bucher ! _ Je ne suis… » Shilkyn n’eut pas le temps de plaider sa cause, dès qu’il leva la main pour protester, un soldat enfonça une épée dans son ventre. Shilkyn l’observa attentivement. « Aïe. » Shilkyn explosa d’un rire de dément, étouffé par l’effondrement subit d’une bonne partie de la maison, partie qui comprenait le toit sous lequel ils se trouvaient. Shilkyn n’y était pour rien, il en était presque sûr. Lorsqu’il sortit de dessous les décombres, il s’employa à épousseter ses haillons bruns avant de retirer l’épée de son ventre sur laquelle ne se trouvait aucune goutte de sang. Il se retourna alors vers les vestiges de l’armoire dans laquelle s’étaient cachés ses deux hôtes qui était maintenant vide. Ils avaient disparu, contrairement aux quatre soldats derrière lui qui, arrivant sur les lieux, l’avaient vu s’ôter l’épée du torse sans le moindre dommage. Ils le regardaient maintenant avec des yeux remplis d’un profond sentiment d’horreur. Shilkyn leur adressa un grand sourire carnassier. « Et maintenant je vais vous manger ! Bouh ! » Les quatre hommes sortirent en hurlant des restes de la maison poursuivis, après quelques minutes par Shilkyn qui sortit de la maison avec Aristote sur l’épaule, en sifflotant. Le charr avait dû mourir, quelle tristesse…
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| | | Eshän Sinan Kassab
Messages : 493 Date d'inscription : 20/10/2011 Age : 31 Localisation : In the Sky with Diamonds
| Sujet: Re: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:16 | |
| Chapitre III - 1302 A.E - Spoiler:
Où qu’on se trouve, dans n’importe quelle cité représentante d’une des multiples races plus ou moins humanoïdes peuplant le continent tyrien, on y trouve des lieux ou les représentants de l’ordre ne veulent ou ne peuvent en aucun cas s’infiltrer. Ces lieux, prenant souvent la forme de ruelles étroites et sombres qu’aucuns nomment non sans justesse des coupe-gorges sont les refuges de tous les rebuts de la société : bandits, assassins, contrebandiers, voleurs et autres malfrats. La silhouette encapuchonnée qui se faufilait dans une des ces ruelles sordides en enjambant avec précautions quelques corps inertes ne faisait pas exception à la règle. Elle tourna subitement à un angle de rue et s’engouffra sous un porche de pierre, attenant à un vieux bâtiment religieux érodé par la pluie et le temps. Une fois à l’intérieur, les deux lourds battants de jade se refermèrent derrière la silhouette qui ne s’en formalisa pas outre-mesure et qui se contenta d’observer autour d’elle. Elle se trouvait dans une pièce ronde d’une quinzaine de mètres de diamètre. Les murs étant totalement vierges de toute forme d’éclairage, on aurait pu s’attendre à une obscurité des plus impénétrables, mais ce n’était pas le cas : une partie du toit s’était effondrée, laissant un trou béant dans le dôme qui n’empêchait donc plus les rayons solaires ou bien sélènes dans ce cas précis de s’infiltrer à l’intérieur du bâtiment. La silhouette attendit patiemment qu’une voix grave surgie des ténèbres quelque part dans la pièce l’y invite avant de s’avancer dans la lumière et d’attendre. « Bonsoir monsieur Kraus, une bien belle nuit n’est-ce pas ? fit la voix sur un léger ton de moquerie. La silhouette ne broncha pas, de toute façon, la voix ne s’attendait pas à ce que son invité réponde. _ Je suppose que vous imaginez ce que vous faites ici… J’ai besoin, mon organisation a besoin d’aide pour accomplir une petite mission, comment dire… Délicate. J’ai eu vent de vos talents de chasseur de monstres et j’ai du gros gibier à vous proposer. _ Demandez aux gardes de le faire, ils feront ça gratuitement. _ C’est à vous que je le demande… Votre prix sera le mien. _ Ce boulot ne m’intéresse pas. _ La cible est un humain apparemment immortel qui s’est interposé alors que mes hommes recherchaient un des nôtres qui nous a… Quittés. _ Je vous ai dit que ce boulot ne m’intéressait pas. _ Celui qui nous a quittés s’appelle Benjamin Yrvyn. L’homme encapuchonné, qui s’était retourné et avait déjà fait un pas s’arrêta soudain et se retourna lentement en direction de la voix. _ Donc ce type immortel protège Yrvyn ? _ Probablement. _ Je vous enverrai la facture. » *** Shilkyn dégusta lentement son infusion avant de pousser un long soupir. Il était vraiment fatigué : cela faisait maintenant quatre jours qu’il survivait plutôt facilement dans la ville frontière, se servant de l’argent qu’il avait emprunté à un des cadavres des soldats qui l’avaient attaqué en le prenant pour un autre. La seule chose qui faisait que Shilkyn était resté dans cette ville était que les soldats qui avaient entrepris les fouilles de la maison lorsqu’un voyageur ambulant les avait alertés n’avaient pas parlé d’un cadavre de charr. Ce dernier était donc bien vivant quelque part, et Shilkyn comptait bien le retrouver pour des raisons qui lui étaient propres. Aussi, il avait envoyé Archimède à sa recherche en toute confiance tandis qu’il restait à une auberge de la ville à longueur de journée, goûtant patiemment chacun des mets et boissons disponibles au menu. La ville était plus calme que ce qu’il avait imaginé : en quatre jours, il n’avait assisté qu’à deux décès lors de la libération impromptue d’un ettin sauvage, propriété d’un cirque ambulant. Les deux victimes ayant été un couple d’asuras touristes considérant le monde comme « rempli de sauvages amusants », personne n’en voulut aux propriétaires de l’ettin. Shilkyn se leva de sa chaise en bois et laissa une pièce de cuivre sur la table avant de s’éloigner tranquillement de l’auberge, en réajustant ses haillons bruns. Tandis qu’il s’avança dans la rue, il bouscula involontairement un homme vêtu d’une armure de cuir noir brodée d’or et à certaines pièces de fourrures. L’homme se tourna alors vers Shilkyn, le transperçant de ses yeux de jais. Il posa sa main droite à sa ceinture à laquelle était accrochée une paire de faucilles. Il se ravisa alors et s’excusa auprès de Shilkyn avant de s’en aller, souriant. Shilkyn l’ignora et continua sa route en flânant le long des échoppes sur la place du marché de la ville. Il se demanda ce qu’avait bien pu faire cet Yrvyn pour être ainsi recherché par des soldats qui, à ce qu’il lui semblait après les avoir vus quelques jours auparavant, n’appartenaient absolument pas à la garde d’une ville qu’il eut connue. Shilkyn attrapa au vol un petit miroir sur un étalage et s’observa dedans. Il se sentit un peu vexé que des personnes soient capables de le confondre avec un autre, son orgueil était tout de même légèrement touché par ce fait. En partie parce que Shilkyn était beau et il le savait. Il reposa le miroir sur l’étalage tandis que le marchand lui fit un « non » de la tête. « Vous avez mis vos traces de doigts dessus, il va falloir payer, fit l’homme d’un air narquois. _ Mon argent ne sert pas à ça, répondit Shilkyn en s’éloignant déjà. _ Si vous ne payez pas immédiatement, je porte plainte pour vol ! » Soudain, un cri retentit derrière Shilkyn et le marchand. « Le voilà ! Arrêtez-le ! » Shilkyn se retourna juste à temps pour recevoir un garde qui, dans un probable excès de zèle s’était littéralement jeté sur lui. Les deux s’écrasèrent au sol tandis qu’une dizaine de gardes se plaçaient en cercle, le menaçant de hallebardes aiguisées. Shilkyn observa attentivement les gardes charrs et humains qui l’entouraient. Il était probable que le quiproquo sur son identité soit encore de mise. Il comprenait maintenant pourquoi Syïlian Yrvyn se méfiait des hommes de loi. Tandis que le marchand applaudissait une telle célérité dans la réaction de la police, un charr se baissa devant la tête de Shilkyn et le fixa dans les yeux. Shilkyn soutint son regard et l’autre l’assomma d’un grand coup dans les tempes. *** La cellule sentait l’urine et c’était fort désagréable. Shilkyn évita de s’asseoir sur le tas de paille qui était sensé lui servir de lit en le regardant d’un œil suspect et resta debout en attendant qu’on vienne lui dire ce qu’il avait fait, ce qui ne tarda pas. Un homme richement vêtu et fortement bedonnant, escorté de deux gardes vint bientôt se placer devant la cellule de Shilkyn, avant de reculer en se pinçant le nez. « Voilà donc à quoi ressemble un des assassins les plus recherchés de Tyrie ! C’est pitoyable. _ Vous devez faire erreur… Je ne suis pas cet Yrvyn… _ Alors comment savez-vous que c’est lui que je recherche ? _ Tout simplement parce que vos amis dans la maiso- _ Ahaaaa ! Je vous ai piégé ! Moi ! Je vous ai piégé ! Vous êtes vraiment pitoyable pour un criminel d’une telle renommée ! Vous serez jugé dès demain puis mis à mort avec votre femme et votre… Serviteur ! Je vous souhaite une bonne dernière nuit ! » L’homme partit avec les soldats en riant aux éclats, rire qui résonna dans tout l’obscur couloir de pierre tandis que Shilkyn soupira en laissant tomber sa tête contre les barreaux de la cellule. « C’est donc vous le fameux Benjamin Yrvyn ? fit une voix venant de la cellule d’en face. La voix était clairement admirative. _ Il paraît… _ Oh c’est fantastique, continua la voix pleine d’enthousiasme. Je vous admire depuis que vous êtes devenu un des hommes les plus recherchés de toute la Tyrie. Je vous le dit entre trois yeux (parce que j’suis borgne), bah pour moi c’est du gâchis de vous tuer demain. Shilkyn se retourna et observa l’homme de l’autre côté du couloir, il portait un bandeau autour de l’œil, une barbe noire crasseuse et de longs cheveux bruns se collant en mèches à cause de la saleté. Shilkyn considéra la largeur du couloir : quatre mètres… Ca devait être assez pour survivre à l’haleine qu’il dégageait. _ Et qu’est-ce que j’ai fait pour être ainsi poursuivi ? _ Vous ne saviez pas que vous étiez poursuivi, alors qu’ils vous recherchent depuis plus d’un mois ? _ Je ne dois pas sortir assez… _ Bah vous avez quand même tué plus de douze représentants de la loi, des hauts magistrats ! _ C’est vrai ? Quel talent… _ Vous l’ignoriez ? _ On peut dire que… Je pensais qu’il fallait faire plus que ça pour être aussi recherché, fit Shilkyn en soupirant. Et où sont Syïlian et Rodolphe ? _ Qui donc ? _ Mademoi… madame Yrvyn et son serviteur. L’autre a dit qu’ils seraient tués demain avec moi. _ Eh bien aucune idée… Mais nous sommes seuls à cet étage. » Shilkyn, dans un grand soupir, se détendit et ferma les yeux. Il s’endormit paisiblement sans même songer une seule seconde à la journée du lendemain. A la grande limite, il se demanda où pouvait bien se trouver Archimède en ce moment.
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| | | Eshän Sinan Kassab
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| Sujet: Re: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:18 | |
| Chapitre IV - 1302 A.E - Spoiler:
On réveilla Shilkyn aux aurores d’un coup de pied dans les côtes. Shilkyn se tordit quelque temps au sol avant de se relever en tenant son plexus. Il leva un regard assassin en direction du garde qui venait le frapper qui rit en lui attrapant les cheveux et en le jetant au sol dans le couloir de la cellule, avant de s’employer à lui attacher les mains et à lui mettre des fers aux pieds. Les trois autres gardes qui escortaient le premier se contentèrent d’attendre leur ami qui, lorsqu’il eut fini, releva Shilkyn et le força à avancer en le poussant dans le dos. « Courage, l’ami ! » lui lança le locataire de la cellule d’en face dans un grand rictus de dents jaunes. Après une lente montée d’escaliers assimilable à de la torture à cause des fers qu’avait Shilkyn aux pieds, les cinq hommes sortirent des sous-sols de la cité frontalière et débouchèrent sur la place principale, alors bondée de personnes venues exprès pour le procès. Benjamin Yrvyn devait vraiment être un grand criminel. On assit Shilkyn sur une chaise et on le bâillonna, devant une grande estrade établie pour l’occasion, estrade présidée par le gros homme vêtu de rouge avec qui Shilkyn avait eu le plaisir de discuter la veille. A côté de lui, Syïlian Yrvyn, également attachée et bâillonnée avait l’air extrêmement surprise de voir qu’on prenait Shilkyn pour son mari. Mis à part cela, elle ne semblait pas avoir été torturée. Le gros homme tapa du marteau sur une table tandis que les gardes de la cité faisaient signe à la foule de se calmer. « Nous voici ici tous réunis en ce jour pour célébrer un heureux évènement, celui du jugement et, comme le veut la coutume, de la pendaison d’un criminel de haut niveau et de ses deux complices, serviteur et femme… Shilkyn n’écoutait pas le monologue du juge autoproclamé qui n’avait pas vraiment l’air de savoir ce qu’était la présomption d’innocence. Il se contentait d’observer les lieux, calmement. Un petit homme en complet marron derrière le juge, apercevant quelqu’un dans la foule que Shilkyn ne parvint pas à distinguer, disparut de l’estrade en marchant plutôt rapidement. « … Ainsi donc, public, quel est votre verdict pour Benjamin Yrvyn et sa famille ? La foule répondit d’une seule voix : _ Coupable ! _ Et quelle doit être leur sentence ? _ La mort ! » Le « juge » jubilait, il frappa du marteau sur la table lorsque l’homme en complet marron remonta avec une enveloppe qu’ouvrit le magistrat. A voir la tête qu’il fit, elle devait contenir beaucoup d’argent. Il posa l’enveloppe sur la table, tandis que Shilkyn devint soudain toute ouïe. _ Mes amis, fit le juge en adoptant un ton solennel, une personne très haut placée et également victime des méfaits de monsieur Yrvyn vient de faire une demande expresse à laquelle je vais adhérer ! Benjamin, Syïlian Yrvyn et leur serviteur ne seront pas pendus comme le veut la coutume mais purement et simplement immolés par le feu ! » La foule était en liesse tandis que Shilkyn fut beaucoup moins détendu qu’il ne l’avait été jusqu’à lors. Il entendit Syïlian hurler à côté de lui tandis qu’on lui asséna un nouveau coup à la tempe. *** Shilkyn ouvrit les yeux. Il avait dû s’endormir alors qu’il travaillait sur les cartes marines des hauts-fonds canthiens. C’est son second qui venait de le réveiller en le secouant. « Capitaine, capitaine ! _ Quoi ? grommela Shilkyn, très partiellement réveillé. _ Nous sommes en vue d’Orr ! _ Génial… J’essaye de devenir présentable, et me voilà… » Le second sortit de la cabine et Shilkyn se leva, puis s’appuya du front contre une des multiples fenêtres de la pièce richement meublée. Derrière le bateau sur lequel il se trouvait étaient une demi-douzaine d’autres navires qui le suivaient. Tous arboraient différents pavillons dont le sens ne laissait place à aucun doute : pirates ou corsaires, mais corsaires en mauvais état. Tous les bateaux fumaient de part et d’autres ou présentaient de multiples impacts d’armes à feu ou d’armes magiques. Shilkyn enfila une chemise de lin blanc qu’il attrapa sur une chaise et s’observa dans un grand miroir. Ses longs cheveux bruns tombaient parfaitement sur ses épaules et son regard était parfaitement vif. En se rapprochant du miroir, Shilkyn s’étira les joues en observant une barbe mal taillée. « Même pas eu le temps pour ça… » Grommela-t-il avant de sortir de sa cabine. Le pont était en effervescence, comme d’habitude. Le Protée était une frégate corsaire à trois mâts… Dont un était en très mauvais état. Les matelots travaillaient d’arrache pied pour colmater les différentes fuites d’eau et maintenir une allure rapide sur l’eau. Le Protée était totalement encerclé de navires pirates tous autant endommagés et se dirigeant vers un continent qui se découpait légèrement droit devant, plein nord. Shilkyn héla son second. « On en est où avec Glaive ? _ La Reine des Fous est toujours en tête. Elle n’a pas encore donné d’ordres. _ En gros on ne sait toujours pas ce qu’elle compte faire à Orr ? _ Non, absolument aucune idée. _ Tant qu’elle ne nous force pas à combattre… Ca serait fatal à la flotte. _ Capitaine, je pense que vos vœux vont être exaucés. _ Pourquoi ? fit Shilkyn en se retournant vers son second. _ Regardez, Dame Glaive a donné le signal de l’arrêt. _ Vu. On s’arrête aussi. Voyons ce qu’elle veut. » Tous les navires ralentirent progressivement leur allure jusqu’à frôler l’arrêt total et les capitaines des quinze vaisseaux de la flotte corsaire de Dame Glaive furent invités à monter à bord de la Reine des Fous, sa frégate. Shilkyn se retrouva assis à une grande table, entouré de corsaires de tous horizons, œuvrant tous pour différents pays, mais s’étant tous réunis sous l’égide de Dame Glaive lors de la seconde grande Guerre des Corsaires. Shilkyn se retrouva entre un énorme pirate barbu, poilu et chevelu, puant l’alcool et la graisse et une montagne chauve et remplie de muscles. Il se sentait petit. Dame Glaive, qui présidait à la table, se leva pour faire le silence. Originaire d’Istan, sa peau métissée contrastait fortement avec la plupart des personnes autour de la table. « Mes amis, c’est maintenant que nous allons devoir faire un choix. Comme chacun ici le sait, la défaite que nous avons subie est terrible et il faudra plusieurs mois au moins pour remettre nos navires sur pied. C’est pourquoi je vous propose, maintenant que nous sommes sortis de la zone de guerre, de faire le point sur la situation et de définir un endroit où faire les réparations. Pour ma part, je suis pour demander asile au royaume d’Orr. Je sais que plusieurs d’entre vous sont des corsaires affiliés à cette nation, fit-elle en adressant un regard à Shilkyn et à d’autres capitaines, aussi, je pense qu’il sera possible d’y trouver une terre sûre le temps d’entreprendre les réparations de nos vaisseaux. » A la seconde où Dame Glaive termina son ultime phrase, de multiples protestations s’envolèrent dans la pièce, ainsi que de nombreuses protestations pour protester contre les premières protestations. Shilkyn buvait du thé, tandis que les deux montagnes l’entourant en venaient aux mains sur un léger désaccord : le poilu voulait aller en Orr et pas le chauve. Shilkyn se retourna vers le deux combattants en sirotant son thé. « Personnellement je suis d’accord avec l’ours immonde, ami-capitaine-à-la-tête-d’œuf. De toute façon, Glaive a joué assez finement pour qu’Orr soit en vue et pour que nous n’ayons pas le choix au vu des dommages qu’ont subi tous nos navires. _ Mon navire vaincra les océans sans aucun problème, même blessé comme il l’est, et ce n’est pas un petit merdeux dans ton genre qui va me dire quoi faire ! _ Arrête de crâner l’ami, t’es chauve, fit Shilkyn en lui lançant un regard méprisant… Qui plus est, c’est un miracle que ta poubelle flotte encore. _ Ooohh… » La montagne se précipita vers Shilkyn qui lui lança son verre de thé brulant au visage avant de se lever et de fracasser sa chaise sur sa tête. La montagne s’écrasa au sol. « Un mécontent de moins, fit Shilkyn en souriant, tandis que le barbu – qui pourtant était de son avis lui assénait un formidable coup de poing au visage. _ Je ne suis pas un « ours immonde » ! » *** « Monsieur Yrvyn ? Monsieur Yrvyn ? » Shilkyn émergea difficilement. Il avait rêvé, ça ne lui arrivait pas si souvent. Il reconnut autour de lui la cellule de la ville frontalière et se remémora le quiproquo qui l’avait conduit là. Il se retourna vers son voisin d’en face qui venait de le réveiller. « Il est quelle heure ? _ Je ne sais pas, je demanderai à un passant quand je sortirai, d’ici approximativement vingt ans, fit l’autre, amer. _ Ca fait combien de temps qu’ils m’ont ramené ici ? _ Environ quatre bougies… _ C'est-à-dire près de huit heures… _ Oui, le bûcher doit être en place… ils ne vont pas trop tarder. _ Il ne faut pas qu’ils me brûlent. _ Bah, c’est une mort comme une autre. Il paraît que ça fait pas si mal, on meurt étouffé par la fumée avant de cramer en fait. » Shilkyn n’écoutait pas son voisin d’en face. Il passa sa main à travers les barreaux et poussa de toutes ses forces sur la porte avec son visage et son corps… Qui se divisèrent soudain en deux parties, avant de se reformer de l’autre côté. Shilkyn réajusta ses haillons bruns. « B… Bordel, mais t’es qui ? _ Certainement pas Benjamin Yrvyn. » Shilkyn fit quelques pas vers le bout du couloir quand des bruits de pas retentirent dans l’escalier et que des voix résonnèrent. « C’est bon pour le serviteur et la fille, ils sont en place, tu nous amène Yrvyn et on crame tout ça ? _ C’est parti. » Shilkyn leva le bras et toutes les bougies s’éteignirent à l’instant même où le garde entra dans le couloir et remarqua le prisonnier qui s’échappait. L’autre prisonnier qui avait vu Shilkyn se diviser hurla de terreur et se recroquevilla dans le fond de sa cellule. Il n’entendit que le bruit d’un corps en armure heurtant le sol. La lumière ne revint pas. Shilkyn monta les escaliers, armé de l’épée du garde. Il détestait les épées : trop fines, ne servant vraiment qu’à poinçonner les adversaires, mais il faisait avec ce qu’il avait. Il se retrouva en haut de la muraille de la cité charr frontalière et reconnut à quelques deux-cent mètres le tas de bois sur la place publique, deux silhouettes attachées sur deux des trois piliers de bois au sommet du tas inflammable. Shilkyn ne ressentait absolument rien pour Syïlian Yrvyn (et encore moins pour Rodolphe), mais, tandis qu’il s’apprêtait à sauter de l’autre côté des créneaux de la cité afin de s’enfuir, il se rappela une phrase qui résonna dans sa tête, une phrase dont lui-seul comprit le sens : « ta vraie liberté ne sera acquise que par ta repentance, ton pardon, le paiement de ta dette. » Shilkyn sauta sur un toit plat qui bordait l’enceinte intérieure et marcha tranquillement en direction de la place publique et du bucher.
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| | | Eshän Sinan Kassab
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| Sujet: Re: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:20 | |
| Chapitre V - 1302 A.E - Spoiler:
Le bûcher était d’une taille plus que raisonnable pour immoler trois personnes. Le bourgmestre avait dû voir les choses en grand. Shilkyn, posté sur le toit de l’auberge proche observait la scène d’une foule en liesse et de gardes faisant passer le mot comme quoi Benjamin Yrvyn s’était échappé de prison en tuant un garde. Shilkyn attendit tandis que le soleil descendait lentement vers la toute fin de l’après midi. Vingt minutes plus tard, la foule avait compris que l’homme qu’elle était venue voir mourir n’était plus là. Elle commença à s’éparpiller, déçue. Les gardes de la cité, quant à eux, se multipliaient dans les rues. Shilkyn supposait que s’il n’était pas retrouvé par les gardes, l’exécution des deux autres serait reportée et on les ramènerait en prison, c’est là qu’il comptait agir. Le bourgmestre qui n’était finalement pas du tout un homme que Shilkyn pouvait supporter en décida autrement, d’un geste, il appela deux bourreaux qui s’avancèrent avec des torches tandis que Syïlian et Rodolphe hurlaient déjà de peur. Shilkyn se pencha du haut de l’auberge. Il dénombrait au moins une trentaine de gardes sur la place, sans compter ceux qui arriveraient très rapidement en renfort des premiers. Shilkyn réfléchissait. Son problème n’était pas sa propre santé mais bien celle des deux autres qui pourraient prendre une attaque perdue.
Le bourgmestre fulminait de rage mais voyait dans la mort de la femme et du serviteur de SON prisonnier une vengeance n’ayant que pour vertu de le défouler. Tandis que les gardes tout autour de lui courraient en tous sens pour retrouver le prisonnier évadé, il s’assit devant le bûcher sur une chaise de velours et observa les deux bourreaux partir allumer leurs torches dans un brasero proche. Un cri retentit soudain derrière lui et il se retourna. Un des gardes s’était soudainement mis à se battre contre ses alliés sans aucune raison valable, balayant ses amis avec sa hallebarde. Tous les gardes se précipitèrent pour tenter de l’immobiliser. C’est alors que le bourgmestre sentit quelque chose passer juste derrière lui et qu’il se retourna. Il était là ! Benjamin Yrvyn était venu sauver sa femme et avait profité de la diversion du garde pour gravir le tas de bois et libérer ses amis… Sauf que ça n’allait pas se passer comme ça. « Yrvyn est là, cramez moi tout ça ! » Les deux bourreaux, alors obnubilés par le combat entre gardes se retournèrent et remarquèrent à leur tour Shilkyn qui déliait ses deux amis. Un des deux bourreaux lança sa torche à distance sur le tas de bois tandis que l’autre courrait pour l’allumer en toute urgence et de façon moins originale.
Tandis que Rodolphe se massait les poignets, Syïlian se jeta au cou de Shilkyn Tysian qui la repoussa le plus gentiment qu’il put. Il s’apprêtait à les pousser en bas du tas de bois lorsque la torche atterrit juste devant lui, embrasant rapidement la partie du bûcher qui menait au chemin de retraite qu’il avait prévu. Shilkyn, à la vue du feu, devint complètement tétanisé, son corps tremblant refusant de lui obéir. Il jura et, dans un effort surhumain, attrapa la torche de sa main droite et la lança au loin. Trop tard, le feu prenait déjà sur le bûcher. Il se releva et se retourna vers Syïlian et Rodolphe qui le regardaient, effrayés. « Quoi ? » Il n’eut pas besoin de la réponse des deux autres. Il comprit à sa voix, rauque et comme résonnante ce qui se passait. Il baissa les yeux vers la main qui avait lancé la torche. Une partie de son bras avait été remplacée par une masse d’insectes volants qui s’échappaient de sa plaie à toute allure. Il sentait également la partie droite de son visage se désintégrer à cause de la chaleur, se transformant elle aussi en une nuée de sauterelles qui s’envolaient en toutes directions. Ignorant ses deux « amis » pétrifiés de terreur devant lui, il les saisit du bras gauche et les envoya valser en bas du tas de bois, du seul côté qui n’était pas allumé, c'est-à-dire celui rempli de gardes, qui ayant maitrisé leur ami, reportaient leur attention sur les fuyards. Shilkyn dévala la pente pour se retrouver nez à nez avec le second bourreau qui arrivait avec sa torche et qui, dans un grand cri pour se donner du courage, le frappa au visage avec son arme enflammée. Shilkyn ne tomba pas mais recula sous l’impact. Sans même relever la tête, il attrapa les cheveux du bourreau et lui enfonça le crâne dans sa propre torche qui éclata dans une gerbe de cendres ardentes et de sang. Shilkyn porta alors la main à son visage. Il commençait lui aussi à se désintégrer là où avait frappé le bourreau. Les gardes étaient effrayés, mais le chargèrent quand même. Shilkyn, considérant qu’il devait être la cible prioritaire des gardes courut jusqu’à l’auberge, suivi par le nuage de sauterelles qui fuyaient son corps, laissant comme une trainée noire derrière lui. Shilkyn attrapa un des tonneaux posé au sommet du tas entreposé juste à l’entrée de l’auberge et l’éclata au sol. Le liquide se répandit en une explosion vermeille. Shilkyn aperçut alors le brasero qui avait servi à allumer les deux torches à quelques mètres. Tandis que les soldats n’étaient pas encore à son niveau et pataugeaient dans le vin, Shilkyn se jeta en direction du brasero qu’il renversa dans l’alcool à l’aide de sa main droite qui termina de se désintégrer, son bras n’existant plus, remplacé par une nuée d’insectes sortant de sa manche. Le feu se propagea rapidement sur l’alcool jusqu’aux tonneaux qui explosèrent, projetant des copeaux de bois tranchants et enflammés en toutes directions, blessant encore plus ou achevant les soldats qui brûlaient déjà car ayant les pieds dans l’alcool. Shilkyn se précipita alors à l’intérieur de l’auberge et ferma la porte.
Le bourgmestre était terrifié. Il comprenait désormais pourquoi la lettre avait précisé qu’il fallait brûler son prisonnier. Cet homme était un monstre, c’était évident qu’il n’avait rien d’humain. Il prit la voix la plus impérieuse qu’il put et ordonna à ses soldats qui arrivaient en renforts d’entrer dans l’auberge. Ils étaient une quinzaine. Douze entrèrent dans l’auberge, tandis que trois surveillaient la porte d’entrée. Il s’ensuivit un grand silence morbide seulement interrompu par les craquements du bûcher qui se consumait derrière lui. L’existence de Syïlian et du serviteur des Yrvyn lui revint soudain à l’esprit. Il se retourna et ne les vit pas là où il les avait remarqués pour la dernière fois. Ils avaient dû fuir, et honnêtement, il s’en fichait. Son plus ardent désir (c’est le mot) était de mettre fin aux jours du monstre dans l’auberge. C’est alors qu’il le vit. Le soldat fou qui avait été tué par ses amis après sa révolte incompréhensible s’était relevé, une épée plantée dans le ventre. Il l’en retira et s’en servit comme arme, s’approchant en claudiquant des trois gardes à l’entrée. Le bourgmestre était trop terrifié pour les prévenir, il resta sans bouger, tétanisé lorsque le soldat immortel tua un, puis deux, puis les trois soldats à l’entrée de l’auberge, avant d’exploser en petits morceaux de chair sanguinolente. C’est à ce moment là que le bourgmestre se jeta dans le premier coin sombre pour s’y cacher. Il priait pour que tout ceci ne soit qu’un cauchemar et qu’il se réveillerait rapidement. Comme tout Tyrien, il voyait régulièrement de la magie en action, mais il n’avait jamais vu de magie si horrible, magie qui pouvait s’apparenter à de la nécromancie de très haut niveau. Il ferma les yeux et pleura tandis qu’une main griffue l’attrapa au col et le tira de sa cachette. Il s’agissait d’un charr roux qui le regarda avec mépris avant de le jeter au sol, au milieu de la rue devant l’auberge. Il sembla au bourgmestre apercevoir un petit oiseau perché sur son épaule, mais ce détail n’avait pas vraiment d’importance pour lui dans l’état actuel des choses.
Shilkyn ouvrit à nouveau la porte de l’auberge, bientôt suivi par douze gardes claudiquant et trébuchant derrière lui. La place était déserte de tout peuple, hormis le bourgmestre couché devant lui, tremblant et pleurant de peur et le charr qui s’était assis sur le cadavre du bourreau avec la torche enfoncée dans la tête. Shilkyn lui fit un bref salut de la tête. « Tiens… Toujours vivant, fit Shilkyn en direction du charr. C’est un cadeau pour moi ? _ Je ne sais pas, il a entaché votre réputation et a voulu fuir… Je me suis dit que vous voudriez un duel pour récupérer votre honneur. _ Pas bête. Sans aucune insulte envers les bêtes, hein. » Shilkyn attrapa le bourgmestre de son bras valide et, après l’avoir relevé, lui adressa un « quand tu veux mon gros » plein de mépris. Shilkyn ne savait pas ce que pensait le bourgmestre mais il pouvait se permettre d’émettre de fortes suppositions. Le gros homme vêtu de rouge tourna alors de l’œil et tomba à genoux. Shilkyn s’approcha à nouveau de lui et tendit son bras droit autour duquel voletaient les insectes vers lui. Il « l’attrapa » et le souleva du sol avant d’approcher sa bouche de son oreille. « J’avais dit que je n’étais pas Benjamin Yrvyn. Ce type est un ange à côté de moi. » Le bourgmestre essaya de crier mais ne réussit pas, des centaines d’insectes se jetant soudain sur son corps, rentrant par son nez et sa bouche. Shilkyn observa la scène sans bouger jusqu’à ce que le bourgmestre cesse totalement de bouger après une lente agonie et une longue minute de cris étouffés. Il s’était fait dévorer de l’intérieur. Shilkyn lâcha alors le cadavre qui se transforma en une énorme masse de sauterelles ailées qui s’envolèrent vers le nécromant et réintégrèrent son bras droit et son visage. Shilkyn était comme neuf. D’un geste et sans les regarder, il laissa mourir les douze gardes qui le suivaient, avant de relever sa tête vers le charr, nullement choqué.
Archimède voleta en piaillant vers Shilkyn, lui aussi heureux de revoir son animal de compagnie. « Pourquoi m’avoir sauvé, c’était un acte de bonté pure ? _ Je ne fais jamais rien sans un quelconque intérêt derrière. Mon nom est Shilkyn Tysian. _ Kilitas Krain. _ Enchanté. Nous allons au Promontoire Divin. _ Et je vous suivrais pour… ? _ Parce que vous avez une dette envers moi, et aussi envers les Yrvyn, une famille que vous ne connaissez pas. Je vous expliquerai. »
Shilkyn paya l’asura devant le portail et lui, le charr et Archimède purent partir en direction de la chambre de transfert principale sans être retenus, le massacre s’étant déroulé à plusieurs centaines de mètres de là, et Shilkyn n’ayant laissé fuir aucun soldat. Il avait même pris le temps de jeter leurs corps dans le bûcher, afin de cacher toute trace de nécromancie sur les cadavres.
Stanis Kraus s’assit à table à l’auberge déserte, qui prenait feu, tout comme la plupart des maisons de la place touchées par l’explosion des tonneaux. Il réajusta son armure rouge ornée d’or et de fourrures ainsi que les deux faucilles à sa ceinture. Ainsi, le monstre allié à Benjamin Yrvyn craignait le feu. Il éclata d’un grand rire sadique.
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| | | Eshän Sinan Kassab
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| Sujet: Re: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:21 | |
| Chapitre VI - 1302 A.E - Spoiler:
Shilkyn avait beau avoir de nombreuses fois été téléporté à la nouvelle chambre de transfert principale, installée à Rata Sum, il s’y perdait toujours autant. Autour de lui se trouvaient une quinzaine de portails violets d’une demi-douzaine de mètres de diamètre qui s’ouvraient et se fermaient à des horaires précis, le lieu de destination changeant régulièrement. En plus des portails, les asuras, non dénués du sens du commerce avaient installé un grand nombre d’échoppes vendant à prix fort des souvenirs d’un goût esthétique douteux et extrêmement chers. La foule, quant à elle, était dense et compacte, étouffante. Shilkyn se faufila jusqu’à une taverne touristique asura en traînant derrière lui Kilitas Krain et Archimède. Une fois assis sur une petite chaise dorée qui lévitait à quelques centimètres du sol, il prit un bon moment pour respirer. Shilkyn n’aimait pas la foule outre mesure.
Le charr devant lui semblait plutôt renfrogné… Pourtant, Shilkyn aurait juré que ce dernier serait admiratif devant un tel étalage de technologies, mais non. Fixant Shilkyn, il pianotait sur la table. Le bruit du claquement des griffes contre le métal de la table était purement exaspérant. Shilkyn soupira avant de lever les yeux vers le charr et de le fixer à son tour. « Vous savez, rien ne vous empêche de partir si vous vous ennuyez à ce point. C’est juste que… _ Que j’ai une dette à payer envers des personnes que je n’ai jamais vues ? Vous comptez sur le célèbre sens de l’honneur des Charrs pour me faire faire n’importe quoi, Shilkyn Tysian. Je me rends bien dans votre capitale humaine, mais ce n’est en aucun cas pour vous faire plaisir. Shilkyn appréciait ce charr de plus en plus, il sourit en coin et posa ses pieds sur la table volante. _ Je vous ai pourtant sauvé la vie. _ Vous avez tué les barbares qui ont rasé la ville où je vivais ? Non. Vous m’avez procuré les premiers soins pour me garder en vie ? Non. Je parie même que vous m’avez à l’origine juste sauvé pour faire de moi ce que vous avez fait du bourgmestre il y a quelques minutes. _ Je ne nie pas ces faits. Et… _ Syïlian Yrvyn ? Jamais vue. Shilkyn héla d’un geste un petit golem barman qui vint lui servir un thé avant de reporter son attention sur Kilitas Krain. _ Et, sans indiscrétion… Pourquoi voulez-vous donc aller au Promontoire Divin ? _ Pour y rencontrer un grand maître guerrier pour recevoir son enseignement. _ Non, sans blague ? Surprenant pour un charr, fit Shilkyn en sirotant son thé et en observant distraitement les alentours. _ Je veux former une équipe de soldats surentraînés et œuvrant pour des intérêts communs. » Shilkyn n’eut même pas le temps de répliquer : un homme vêtu de rouge et de noir, au col et manches de fourrure et portant deux faucilles à la ceinture s’assit à leur table en y posant un masque d’acier doré sans demander aucune permission. « Désolé de vous déranger, mais je n’ai trouvé aucune autre table vide et je commençais à étouffer parmi la foule. Shilkyn regarda le bar presque désert tandis que l’autre continua. _ Mon nom est Stanis Kraus. Je ne pense pas que ce nom vous dise quoi que ce soit. _ Si, si, répliqua Shilkyn, froid. _ Oh ? Intéressant, vous savez donc que je suis… _ Un mercenaire sans le sou qui cherche désespérément à redorer le blason de sa famille, oui, le coupa Shilkyn. L’autre n’eut pas l’air vexé outre mesure. Tout juste crispa-t-il les mains sur son casque. _ C’est à peu près ça. Et j’ai entendu votre ami charr dire qu’il comptait créer en quelque sorte une guilde mercenaire, ça m’intéresse énormément. _ Il n’a jamais parlé de mercenaires. L’argent n’est pas une valeur partagée par tous, monsieur Kraus. Et probablement pas par lui, vu qu’il vient de sortir de son trou perdu. Kilitas semblait se vexer légèrement qu’on parle de lui comme s’il n’était pas là. Il se retenait de fracasser les deux humains l’un contre l’autre… Avec grand peine. _ Il me semble d’ailleurs vous avoir déjà croisé il y a quelques jours au nord du territoire charr, monsieur Kraus. _ Fort probable, j’étais en mission. Il se trouve que suis à la recherche d’un homme hors la loi qui serait protégé par un monstre immortel, vous ne verriez pas ? _ Il me faudrait son nom… Shilkyn était prêt à tout pour faire partir l’homme à sa droite qui ne lui inspirait rien de bon. Il sentait même la panique des locustes en lui. _ Benjamin Yrvyn… Et je n’ai pas encore le nom du monstre… Mais je suis certain que je peux vous demander le votre, » fit Stanis Kraus en souriant de toutes ses dents.
Shilkyn comprit trop tard que Stanis Kraus était là pour lui et qu’aucune de ses rencontres avec lui, que ce soit celle ayant eu lieu quelques jours auparavant ou celle qui se déroulait maintenant n’était due au hasard. Stanis Kraus le traquait et jouait avec lui dans l’espoir qu’il le guide jusqu’à un homme que Shilkyn ne connaissait que de nom. Si Stanis Kraus croyait que Shilkyn protégeait Yrvyn, c’est donc qu’il devait avoir un lien quelconque avec les mercenaires qui avaient attaqué la maison en ruine… Il n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps : Stanis Kraus, donnant un grand coup de pied dans la table, déstabilisa Shilkyn dont les pieds étaient toujours posés dessus. Le mercenaire, attrapa son casque et dans un seul mouvement tournant l’écrasa sur le crâne du charr, s’en équipa, dégaina ses faucilles et les planta dans le corps de Shilkyn qui n’avait pas terminé sa chute. Ce fut la première fois en de nombreuses années que Shilkyn eut mal. Les faucilles ne blessaient pas son corps mais quelque chose d’autre. Il recula en s’appuyant sur ses coudes tandis que le mercenaire terminait d’assommer Kilitas Krain d’un grand coup de poing. Shilkyn remarqua alors à quel point son casque doré était terrifiant, arborant les symboles des Zaichens, les soldats de Balthazar. Shilkyn se releva et sauta par-dessus une rambarde attenante à l’échoppe pour s’écraser quelques mètres plus bas dans la salle des portails, bondée de monde. S’extirpant d’un tas de bagages en toile avec difficultés, Shilkyn tituba sur quelques mètres, conscient d’être le centre d’attention des multiples voyageurs autour de lui. Un norn vint même tenter de l’aider mais la douleur dans le plexus de Shilkyn au niveau de l’endroit où les deux faucilles étaient plantées était trop forte. Shilkyn tomba quelques secondes dans l’inconscience.
Quand Shilkyn ouvrit les yeux à nouveau, il vit le norn agenouillé à côté de lui. Il avait ôté les deux faucilles et regardait les plaies bouche bée. Voyant que Shilkyn était revenu à lui, il se tourna vers lui. _ Vous n’avez… Pas de… _ De sang ? Non, il n’en a pas, car monsieur est un mort-vivant, n’est-ce pas ? Stanis Kraus venait de se pencher du haut de la rambarde et avait prononcé ces mots en riant. Tous eurent un mouvement de recul vis-à-vis de Shilkyn qui se releva avec difficultés. _ Alors, le monstre, c’est quoi ton nom ? _ Shilkyn Tysian, répondit Shilkyn en lui crachant sa réponse avec toute la haine dont il était capable. _ Enchanté Shilkyn Tysian, alors. Je suppose que tu as compris que mes faucilles sont enchantées pour détruire les âmes et non les corps des personnes touchées… Car il me semble avoir compris que tu n’as pas de corps si ce n’est un nuage compact d’insectes dont l’aspect humain n’est maintenu que par illusion, n’est-ce pas ? Des sauterelles ? _ Des locustes, monsieur Kraus, des locustes. » Shilkyn se mit à courir le plus vite possible vers le rebord d’un des gigantesques cubes volants qui composaient Rata Sum et se jeta dans le vide, se laissant glisser à la surface de l’énorme structure, poursuivi par Stanis Kraus qui, après avoir récupéré ses armes, avait sauté sans hésiter. Shilkyn atteignait presque la limite du cube posé sur une pointe et s’apprêtait à continuer en chute libre lorsqu’une des deux faucilles le rattrapa. Touché au dos et le corps empli de douleur, Shilkyn tomba sur plusieurs centaines de mètres et s’écrasa dans la tourbe de la région de la Côte Ternie. Stanis Kraus prit son temps pour descendre par des moyens plus conventionnels. Escorté de deux gardes asura qui avaient su choisir leur camp, il rejoignit Shilkyn qui n’arrivait plus à se lever. Le mercenaire récupéra sa faucille, attrapa Shilkyn au col de ses haillons et le projeta contre un arbre proche, tandis qu’un des deux gardes asuras, un élémentaliste, créa une boule de feu dans sa main. Dès que Stanis Kraus lui fit signe, le garde la lança.
Shilkyn, paralysé par la douleur regarda son corps exploser, des milliers d’insectes volants s’échappant du feu qui leur était mortel, les autres tombant brûlés et recroquevillés au sol. Shilkyn savait qu’il n’avait plus de corps et qu’il reprenait une forme d’esprit, ce qui ne l’aurait pas gêné si, à travers sa propre âme ne se trouvaient pas trois énormes entailles qui l’entraînaient vers une mort probablement définitive… Stanis Kraus sourit sous son masque et rengaina ses faucilles avant de partir, laissant les deux asuras s’occuper des cendres ardentes d’un tas d’insectes fumants.
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| | | Eshän Sinan Kassab
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| Sujet: Re: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:22 | |
| Chapitre VII - 1069 A.E - Spoiler:
Shilkyn attrapa la serviette humide qui lui tendait son second et l’appliqua sur sa tête. L’autre pirate à la réunion avait vraiment frappé fort, à tel point que Shilkyn sentait la bosse déformer son visage et maintenir son œil droit fermé. « Et pour la réunion ? _ Seuls trois navires en plus de la Reine des Fous ont accepté de rallier Orr, les autres sont partis, soit par orgueil personnel ou tout simplement car le pays auquel ils sont liés est un ennemi de ce royaume. _ Je vois, fit Shilkyn en se rendant compte que l’eau dans la serviette était salée. Et il nous reste encore longtemps pour arriver à Orr ? _ Normalement, deux jours. Une dizaine de bateaux devraient venir nous escorter et nous fournir le matériel afin de permettre à nos vaisseaux de tenir le coup jusque là bas. _ Super. _ Vous n’êtes pas plus enthousiaste que ça de revoir votre terre natale ? C’est presque la fête sur le pont. _ Nos hommes font la fête après une défaite ? C’est nouveau ça. _ Je dois leur dire d’arrêter ? _ Non. Allez vous joindre à eux, je dois me reposer. » Dès que le second sortit de la cabine, Shilkyn jeta la serviette au sol et plongea sa tête dans un sceau d’eau qui lui servait en temps normal pour faire du thé. L’eau froide et non salée fut pour lui une bénédiction. Il imaginait presque sa tête fumer tandis qu’il l’enfonçait dans l’eau dans un grand « pschhhh ». Huit navires légers affiliés au royaume d’Orr arrivèrent rapidement au niveau des quatre bateaux corsaires endommagés et commencèrent immédiatement les réparations d’urgence, tandis que Dame Glaive partait sur le continent pour négocier l’exil politique le temps de remettre les vaisseaux en état de voyager, laissant le commandement de la Reine des fous, sa gigantesque frégate à un dénommé Fendi Nin, son second. Shilkyn, l’œil droit ni ouvert ni vraiment fermé, aida par principe au transbordement des blessés puis s’employa à organiser les travaux sur son navire, le Protée qui s’avéra beaucoup plus endommagé que son équipage ne l’avait cru tandis qu’ils quittaient le terrain de combat : c’était un pur miracle que le bateau ait tenu jusqu’à être en vue d’Orr. Shilkyn se demandait même ce qui avait bien pu déclencher la seconde grande guerre des corsaires car, à ce qu’il en savait, il s’était jeté dans la bataille sans savoir pourquoi il se battait. Un peu crétin quand il y repensait. Shilkyn regardait le royaume d’Orr devenir de plus en plus net à l’horizon au fur et à mesure de leur lente avancée, les vaisseaux corsaires tractés par les navires de la royauté. Shilkyn essaya de se souvenir de ce qu’il avait laissé à Orr et qu’il allait retrouver, c'est-à-dire rien. Il n’avait pas de compagne, pas d’enfant, aucune propriété si ce n’était le bateau sur lequel il se trouvait et qu’il avait volé il y a de ça bien longtemps. Shilkyn appliqua une nouvelle serviette froide sur sa tête gonflée et s’assit sur la proue. Il se massa longuement la barbe : peut-être que cette défaite honteuse était un signe qui lui était fait pour changer de vie, fonder une famille et tout et tout. Il avait quoi… Trente-cinq ans ? Encore toute la vie devant lui, mais une vie calme ne l’intéressait absolument pas, de même qu’une quelconque relation durable. Il s’endormit ainsi, assis sur la proue du navire, bercé par la houle. *** « Capitaine, capitaine, debout ! _ Hmmm ? » La voix était insistante, ça devrait être important. Shilkyn ouvrit les yeux et se retrouva nez-à-nez avec son second qui le secouait comme un prunier, du moins Shilkyn en était convaincu, même s’il n’avait lui-même jamais secoué un prunier. « On est arrivés ! _ Le voyage ne devait pas durer encore deux jours ? _ Vous avez dormi deux jours, sûrement le contrecoup de la bataille. _ Oh… Bon bah si on est à quai… _ Pas vraiment, regardez. » Shilkyn, partiellement ne comprenait pas, aussi, son second ouvrit les rideaux de sa cabine dans laquelle on avait du le transporter pendant qu’il dormait et Shilkyn ne vit… Rien. « ‘Fait nuit ? _ Non, nous sommes chez nous, dans les Fragments d’Orr ! _ Les quoi ? » Au lieu de répondre, son second entraîna Shilkyn à l’extérieur de la cabine. Ce dernier en profita pour se regarder au vol dans un miroir : la bosse avait dégonflé, c’était déjà ça. Lorsque le second ouvrit la porte, Shilkyn comprit soudainement ce qu’étaient les Fragments d’Orr : leur frégate et deux autres étaient à quai dans une grotte immense garnie de bougies et de gigantesques torches flamboyantes pour guider les navires qui transitaient en nombre dans le lac souterrain, apportant matériel de réparation, hommes et vivres pour les corsaires. La grotte en soi n’était qu’une gigantesque fourmilière, des centaines de personnes s’affairant à la réparation des navires. « Il en manque un. Où est la Reine des Fous ? _ Après le lac, plus loin. Dame Glaive veut rester au calme. _ Comment a-t-elle fait pour nous procurer un truc pareil ? _ Je n’en ai aucune idée mais des rumeurs circulent parmi les matelots comme quoi elle et le roi d’Orr auraient… _ Oui j’imagine, et c’est probablement vrai. Dans combien de temps nous serons prêts à repartir à flots ? _ Au grand maximum trois mois, sauf si nous rencontrons des problèmes pour remettre en place le mât d’artimon. _ Parfait. _ Vous comptez rejoindre Orr ? La plupart de nos marins ont pris une permission là bas le temps des réparations. _ C’en est à se demander qui est le capitaine. Pour le moment, je vais rester ici… _ Chaud en dessous ! » Shilkyn sentit son second l’attraper par le bras et se jeter avec lui dans l’escalier descendant sous le pont. Shilkyn ne vit rien mais entendit quelque chose de lourd s’écraser à l’endroit où il se trouvait une seconde auparavant. Son second se releva rapidement en insultant le marin maladroit et aida ensuite Shilkyn à se relever. « Quel idiot, une poulie, rien que ça… Je pense que c’était juste un accident. _ Je le pense aussi et… Euh… C’est quoi ça ? Le second de Shilkyn se retourna et suivit le doigt de ce dernier qui montrait un tas de rats de belle taille qui dévoraient les stocks de nourriture sèche. _ Ah oui, les grottes étaient infestées de rats, aussi ils ont élu domicile dans nos navires, pas mal de matelots sont partis chercher une solution sur le continent. _ Ca ne vous dérange pas outre mesure ? Vous en avez encore beaucoup des détails comme ça ? Le second sembla réfléchir. _ Hmmm… Le manque d’eau potable, l’odeur abominable de cadavre en putréfaction qu’on n’arrive pas à faire partir des grottes intérieures, et probablement une quinzaine d’ettins qui auraient élu domicile dans le coin. Shilkyn se demanda si son second blaguait. Apparemment pas… _ Ouais… Bon, vous avez raison, je vais aussi sur le continent… » *** Les navires d’Orr étaient classes, Shilkyn n’avait pas d’autre mot pour définir le transport sur lequel il se trouvait, rempli de soldats en armures rutilantes qui venaient aider les corsaires à réparer leurs vaisseaux, non pas que les corsaires soient très appréciés mais au contraire, qu’ils auraient été contents de s’en débarrasser au plus vite. C’est presque si on le jeta sur le quai après les deux heures que dura le transport. Shilkyn se trouvait devant Orr. L’énorme cité s’étalait devant lui tel un inextricable labyrinthe de pierre, de tissus et de gens qui fourmillaient où que Shilkyn regarde. Il avait plusieurs mois à perdre, aussi, tenter de rentrer dans la cité au hasard était envisageable. Shilkyn s’enfonça dans la première ruelle qui lui parut sympathique et disparut parmi la foule des habitants d’Orr.
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| | | Eshän Sinan Kassab
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| Sujet: Re: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:24 | |
| Chapitre VIII - 1069 A.E - Spoiler:
Shilkyn marchait parmi la foule des passants en observant nonchalamment autour de lui. Les lieux étaient magnifiques. Il se trouvait dans un souk rempli de produits aux senteurs méconnues et que Shilkyn ne parvenait pas à apercevoir. Il se faufila lentement jusqu’à une échoppe choisie au hasard et regarda les produits en vente : des épices de Kourna. Shilkyn n’aimait pas tellement les épices mais laissa le vendeur lui vanter les vertus aphrodisiaques du gingembre durant quelques minutes vu qu’il n’avait rien d’autre à faire. Shilkyn se demanda à quoi pouvait bien ressembler du gingembre sous sa forme naturelle et pas sous la forme de cette poudre orangée à l’odeur fortement prononcée, probablement à une sorte de racine ou un truc du genre… Quelqu’un dans la foule de gens le poussa vivement dans le dos tandis qu’une main arrachait la giberne à sa ceinture qui contenait tout son argent. Shilkyn eut tout juste le réflexe d’attraper le bras du pickpocket qui essayait déjà de se fondre dans la masse. Shilkyn tira dessus et se retrouva non pas avec un voleur, mais bien trois, le premier s’étant accroché à ses deux complices par réflexe tandis qu’ils devaient voler d’autres personnes. Les quatre personnes se retrouvèrent rapidement encerclées par une masse de curieux qui empêchait les trois voleurs de fuir. Shilkyn les analysa rapidement : des pouilleux, des hors-la-loi sans le moindre talent et sans le moindre style, il était même probable qu’ils ne sachent même pas se battre… Shilkyn reçut en pleine tête un coup d’un des trois voleurs et tomba sur le dos. Il voyait un nuage étoilé devant ses yeux et sentait quelque chose de chaud couler de son nez. Tandis que le bandit se préparait à le frapper d’un coup de pied à terre, Shilkyn faucha avec son bras le pied d’appui de son adversaire qui, sans s’effondrer, perdit tout de même équilibre. Le capitaine corsaire réussit à se relever sans qu’aucun des deux autres voleurs ne réagisse. Il semblait finalement qu’ils sachent se battre. Shilkyn attrapa le bras du bandit qui, à nouveau en équilibre lui donnait un autre coup de poing et, d’un mouvement de poignet, retourna la force du voleur contre lui, plaçant son bras tendu dans son dos. Shilkyn enfonça la tête du bandit dans l’étal d’épices et se retourna vers ses deux compères. « Une question comme ça… Qui de vous deux a mon argent ? » Les deux se dénoncèrent l’un l’autre. Shilkyn fit craquer son cou et les chargea.
Le vendeur observa les trois voleurs, têtes enfoncées dans divers bols remplis d’épices puis Shilkyn qui les maintenait dans cette position tout en les fouillant à la recherche de son porte-monnaie. Ce dernier désigna celui des trois qu’il fouillait. « C’est quoi son épice à lui ? _ Pa… prika. _ Très intéressant… J’en ai eu un dans le gingembre ? _ Euh… Oui… Shilkyn releva les yeux et vit effectivement le premier des trois voleurs avec la tête dans le fameux bol de gingembre. Le capitaine corsaire et le marchand baissèrent alors imperceptiblement le regard. _ ‘Pas l’air d’être super aphrodisiaque votre truc là. _ C’est peut-être un eunuque. _ Non… Sans blague… » Shilkyn venait de retrouver sa giberne dans une des poches cachées à l’intérieur de la cape du voleur qui avait eu droit au paprika lorsque le troisième se mit à hurler, à être agité de très forts soubresauts et se jeta en hurlant dans la foule. Il disparut en quelques secondes. Shilkyn ayant retrouvé son porte monnaie, il le laissa partir. « C’était du… _ Piment oiseau. _ Oh… Vous ne sauriez pas où trouver un dératisateur ? _ Un ? _ Dératisateur. J’ai de légers problèmes avec des rats dans mon navire et j’aimerais bien éviter d’avoir à les expulser à coups de boules de feu. _ Il y a bien mademoiselle Tardel, si vous n’avez pas peur des ruelles sombres. _ J’adore les ruelles sombres. »
La ruelle était effectivement sombre. Et humide. Shilkyn enjamba ce qui lui sembla être un sac rempli de chatons morts et chercha une plaque indiquant Tardel. Ci-fait, il en trouva une en fer rouillé devant une porte branlante. Pas de vitrine. Shilkyn chercha une sonnette et ne trouva qu’une clochette rouillée dont l’unique propriété aurait été d’apporter le tétanos à quiconque envisagerait de la toucher. De toute façon, la porte ne fermait pas. Il la poussa prudemment.
Shilkyn se réveilla assis sur un siège en matière étrange, entouré de personnes qui, comme lui, étaient assises les unes derrière les autres. L’endroit vibrait et un grondement sourd englobait la pièce. « Monsieur ? » Shilkyn se retourna pour se retrouver devant une femme fortement étrange, habillée de bleu avec un petit couvre-chef qui poussait une sorte de chariot de métal rempli de nourriture en boîte. « Vous désirez quelque chose ? » Shilkyn essaya de se relever et remarqua alors qu’il était ceinturé à son siège, dans un mouvement de panique, il se tourna vers sa droite et remarqua alors qu’il était dans une sorte d’engin métallique… Qui volait. Il ferma les yeux. « Alors, la date de la bataille de Salamine ? » Shilkyn se trouvait dans une grande pièce, devant beaucoup de jeunes gens qui riaient de lui, tandis qu’une sorte de professeur étrangement vêtu le questionnait sur des choses étranges. « Bâââh ? » Shilkyn releva la tête. A côté de lui, un mouton semblait très contrarié de le voir brouter son herbe. L’espace autour de lui sembla soudain s’étirer. Shilkyn se retrouva dans un espace rempli de formes impossibles, de fractales et de couleurs inimaginables. Il tombait. Lorsqu’il essaya de hurler, il n’y parvint pas. Il atterrit finalement sur une chaise en bois, à l’intérieur d’un salon somptueux orné de meubles dorés et de fauteuils qui avaient l’air plutôt confortables. Une femme d’une trentaine d’années le menaçait d’un poignard. Selon des normes qui lui étaient propres, Shilkyn la trouva extrêmement belle, de longs cheveux noirs ondulant autour de son visage orné de deux yeux violets brillant comme des pierres précieuses. Shilkyn essaya de se dégager, mais ses mains étaient liées. « On sonne avant d’entrer chez les gens, monsieur. _ Vous… Vous êtes mademoiselle Tardel ? _ Roxanne Tardel. Et vous êtes un client ? _ Pour le moment je ne suis que moyennement convaincu par l’accueil, mais à la base j’étais venu pour solliciter vos services, en effet. » Les liens de Shilkyn disparurent. « Je suis dans une illusion ? demanda-t-il en se levant et en se massant les poignets. _ Oui. Ca m’évite d’avoir à payer l’entretien du mobilier. _ Je me disais aussi que des filles belles à ce point, ça n’existe pas. _ En effet, ce n’est pas non plus mon véritable physique. Vous êtes là pour me proposer quel genre de travail ? _ Dératisation. Rien de bien compliqué, c’est à quelques heures de bateau d’ici. Vous serez payée, évidemment. _ Vous n’avez rien trouvé de mieux qu’un envoûteur pour la dératisation ? _ C’est la seule chose que m’a proposée un vendeur d’épice non loin. _ Et qu’est-ce qui vous dit que je vais accepter ce travail ? _ Vous vous prenez trop au sérieux, mademoiselle Tardel, fit Shilkyn en riant aux éclats, je ne suis venu qu’en simple curieux alors qu’une vingtaine d’hommes sont déjà en train de chercher quelqu’un capable de s’occuper de quelques rats. Vous avez l’air très douée dans le domaine des envoûtements, mais vous manquez de politesse. Si, pour vous rattraper, vous pouviez me laisser sortir, je vous prie. _ J’accepte. _ Pardon ? _ J’accepte, je vais m’occuper de votre problème. _ Fantastique. Notre prix sera le vôtre, j’ai bien peur d’être assez limité dans mes biens fiduciaires. » La pièce s’évanouit dans un nuage de petites boules lumineuses violettes et Shilkyn se retrouva dans un magasin sordide et mal tenu, de la poussière s’accumulant partout sur les meubles déjà réduits à l’état de ruines. Roxanne Tardel était par contre exactement la même, si ce n’étaient ses cheveux, du blanc le plus pur. « C’est ça, votre véritable physique ? _ Ca vous surprend ? Je n’ai jamais dit que j’avais caché quelque chose de plus que mes cheveux. Mais inutile de renouveler vos compliments de tout à l’heure, nous avons du travail. » Shilkyn réfléchit, c’était la troisième fois qu’on arrivait à le moucher à ce point en trente-cinq ans d’existence.
Dernière édition par Shilkyn Tysian le Dim 5 Aoû - 17:35, édité 1 fois | |
| | | Eshän Sinan Kassab
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| Sujet: Re: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:25 | |
| Chapitre IX - 1069 A.E - Spoiler:
« Elle est belle, hein, capitaine ? » Shilkyn fut soudain tiré de ses pensées par son second qui observait tout comme lui l’envoûteuse repartir en bateau jusqu’au continent. Elle avait vidé l’intégralité de la flotte de ses rats en quelques minutes et était repartie sans demander le moindre paiement. « Franchement je crois que si elle le demandait, n’importe qui se marierait avec elle… Elle a de ces yeux, de ces cheveux bruns et de ces seins que… _ On ne s’enflamme pas, Ryvan, tu es le second de ce navire et j’aimerais que l’équipage suive le bon exemple que tu leur montrerais. Et ça commence en ne bavant pas sur la première femme qui monte à bord… Ses cheveux bruns ? _ Oh oui ses cheveux bruns ! Ne me dites pas que vous n’avez pas remarqué ! _ Si, si… » Cette femme fascinait Shilkyn autant qu’elle le terrifiait. Tout en maintenant une illusion sur son physique pour tous les matelots (sauf lui, étrangement), elle avait réussi à contrôler l’esprit de plusieurs centaines de rats en même temps. D’un autre côté, Shilkyn voyait venir un mauvais coup par le simple fait qu’elle n’ait pas demandé à être payée. Il renvoya tous ses hommes à leur travail et rejoignit la Reine des Fous, ancré quelques centaines de mètres plus loin, dans une cavité encore plus profonde. Sur le chemin, Shilkyn en profita pour visiter les installations provisoires des multiples bateaux corsaires ancrés dans la grotte : des petits bâtiments en bois naissaient déjà un peu partout autour du lac souterrain tandis que le trafic maritime convoyant personnel et matériel de réparation ne s’arrêtait pas. Non loin de la Reine des Fous, Shilkyn tomba sur un groupe armé de soldats qui s’apprêtaient à entrer dans un sombre boyau creusé dans la paroi. Reconnaissant quelques membres de l’équipage de Dame Glaive, Shilkyn s’arrêta et en interpela un, une moniale à ce que ses vêtements laissaient entendre. « Vous êtes le capitaine Tysian, c’est ça ? _ Oui. J’aimerais bien parler à Dame Glaive au sujet du temps des réparations. _ Je ne crois pas qu’elle soit à bord de la Reine des Fous, mais vous pouvez toujours voir avec Fendi Nin, son second. _ Ca me paraît être une excellente idée. A quoi ressemble-t-il ? _ C’est lui là bas avec les vêtements rouges, celui qui donne des ordres. _ Merci… _ Shandra. _ Shandra. » Shilkyn observa Fendi Nin quelques secondes avant de l’interrompre. Il n’appréciait pas ce personnage plus petit que la moyenne aux doigts maigres et crochus qui donnait des ordres à son équipage comme s’il s’agissait d’esclaves. Comme tout l’équipage de la Reine des Fous, il avait la peau noire des habitants de Kourna. « Fendi Nin ? _ Je suis occupé. _ Et je suis capitaine de vaisseau corsaire et vous n’êtes que second, répondit Shilkyn avec véhémence. _ Et je travaille sur les ordres de Dame Glaive en personne qui est votre supérieure directe et j’ai rendez-vous au palais royal d’Orr pour la rejoindre, vous comprendrez aisément qu’un petit capitaine comme vous passe au second voire au troisième plan pour moi. » Fendi Nin hurla après son équipage qui s’engouffra dans la grotte et partit sans adresser un seul autre mot à Shilkyn qui fulminait intérieurement et extérieurement. Il donna un coup de pied à un rat mort qui flottait négligemment à portée et rentra sur le Protée. Son second l’attendait, visiblement avec une mauvaise nouvelle, à voir sa tête. « Quoi, Ryvan ? _ Le mât est mort. _ Ah bah ça j’avais vu, c’est pas tellement une découverte. _ Non… Mais il nous faudra au moins un an pour réparer totalement le navire. _ Quatre fois plus que ce qui était prévu ? Ca me semble se rapprocher du retard moyen dans tous les chantiers de construction. Ca va… » Shilkyn entra dans sa cabine en claquant la porte. Ryvan, le second, se sentit heureux dans son malheur : son capitaine ne l’avait pas décapité sur le champ. *** « Capitaine, elle est revenue ! _ Qui ?... _ L’envoûteuse ! _ Bah payez-la et laissez-moi tranquille… _ Elle a demandé à vous parler. _ Je ne suis pas là. _ Trop tard, on lui a dit qu’on allait vous demander… _ Alors je suis trop occupé… » Cela faisait un mois déjà que le Protée était en cale sèche dans les grottes des Fragments d’Orr. Les dommages ne se réparaient que beaucoup trop lentement au goût de Shilkyn, tandis que de plus en plus de matelots des quatre équipages de navires manifestaient le désir de s’établir définitivement dans ces grottes qu’ils commençaient à aménager. Shilkyn, sentant la mutinerie venir, s’était lui-même attelé aux travaux de réparation. Ainsi, c’est alors qu’il se trouvait à fond de cale en train d’essayer de fixer une nouvelle pièce de bois afin d’éviter les fuites qu’une main froide se posa sur son épaule. Il se retourna vivement pour se retrouver face à… « Roxanne Tardel. C’est mon second qui a en charge de vous payer vos services. _ Il n’y a que vous qui puissiez agréer à ma demande. _ C’est pourtant Ryvan qui tient les comptes à bord de ce navire, je suis bien trop tête en l’air pour ça, répondit Shilkyn en se remettant au travail. _ Je veux devenir membre de votre équipage. Shilkyn s’écrasa un doigt avec un coup de marteau mal ajusté à cause du sursaut qu’il fit. _ Devenir membre d’équipage ? Vous vous moquez de moi ? _ Absolument pas. _ De toute façon, nous sommes cloués ici pour encore près d’un an à ce rythme, donc cette proposition est inutile. _ Je pourrais aider aux réparations. _ En convainquant le bois de la coque que son objectif est de colmater de lui-même les trous d’eau ? _ En apprenant. Shilkyn se retourna d’un mouvement brusque. _ Bien évidemment en apprenant ! Vous ne pouvez pas être comme tout commerçant et accepter un paiement en or hein ? Vous voulez quoi en fait, le grand large, l’aventure ? Absolument aucune chance pour vous, désolé ! Allez voir ailleurs ! » Shilkyn s’était mis à hurler. Cette femme le terrifiait au plus profond de lui. Il savait qu’elle était extrêmement dangereuse de par ses pouvoirs, évidemment, mais il y avait autre chose, autre chose qui lui faisait encore plus peur : en un mois, il n’avait pas réussi à détacher son esprit de cette femme… Qui s’effondra en pleurs devant lui. « Vous êtes une envoûteuse de talent, inutile de faire ce cinéma devant moi, ça ne prendra pas… » Une gifle. Shilkyn encaissa et soutint le regard rougi de larmes de mademoiselle Tardel. « Vous êtes ignoble ! Vous aussi vous me voyez comme un monstre à cause de mes cheveux, comme les autres, hein ? J’ai été stupide de croire que ça aurait pu être différent ! _ Vos cheveux ? » Elle eut l’air aussi surprise que Shilkyn. Les deux se calmèrent immédiatement. « Vous ne me voyez pas comme un monstre parce que j’ai les cheveux blancs ? _ Je devrais ? demanda Shilkyn, toujours à la limite de la suspicion. _ Vous voulez dire que vous êtes d’un pays où les gens différents sont acceptés tels qu’ils sont ? _ Eh bien… Non. Je suis d’Orr. Cela faisait certes un bon moment que je n’étais pas venu, mais bon… A vrai dire, c’est plutôt à cause de la possibilité que vous ne vous soyez pas encore montré sous votre vrai jour que je vous refuse. _ Sous mon vrai jour ? _ Eh bien… Par rapport à vos enchantements. _ Assommez-moi. _ Pardon ? _ Assommez-moi. Ma magie s’arrêtera et vous verrez bien que je ne mens pas. _ Sans façon… » Elle était vraiment bizarre, mais d’un certain côté, elle plaisait beaucoup à Shilkyn, peut-être parce qu’elle avait été rejetée, à cause de son visage qu’il trouvait entouré de cheveux très beaux quoi qu’en disent les autres, ou bien à cause de ce côté drôle dont elle-même ignorait l’existence… Shilkyn éclata de rire. « Les cheveux… héhé, les cheveux… Prenez mes quartiers je dormirai avec l’équipage. _ Vous voulez dire que… _ Vous préférez dormir avec l’équipage ? » La question et le regard de Shilkyn étaient sans appel. Roxanne Tardel sourit et partit, toujours en larmes, mais de joie, cette fois-ci. « Les cheveux… N’importe quoi… »
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| | | Eshän Sinan Kassab
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| Sujet: Re: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:27 | |
| Chapitre X - 1069 A.E - Spoiler:
« Ecoutez capitaine, nous avons supporté l’époque où vous vous êtes essayé à la trompette, vos deux mois de somnambulisme suicidaire, votre période où vous êtes devenu végétarien après avoir vu la mise à mort d’un dauphin… Nous vous avons même aidé à vous remettre quand une diseuse de bonne aventure vous a affirmé que vous étiez mort lors d’un accident de haute montagne trois ans avant de la consulter… Mais là, c’est trop ! _ Je ronfle la nuit, c’est ça ? _ Mais non, capitaine ! C’est cette fille ! Elle va vous rendre complètement dingue si ce n’est pas déjà fait ! _ Et pourquoi ? _ Mais regardez-vous ! Vous dormez parmi l’équipage ! _ Faux. L’équipage traîne actuellement dans un bordel sur les quais d’Orr… Qui plus est, les pouvoirs de « cette fille », comme vous dites, seront probablement très utiles plus tard. _ Parce que vous comptez la garder ? _ Je ne vois pas le problème. Elle veut visiter le monde. _ En restant dans une grotte pendant un an ? Vous allez-voir que bientôt elle vous attirera dans son lit, et à partir de là, elle vous fera faire tout ce qu’elle veut ! _ Elle est déjà dans mon lit, sauf que moi je suis dans un hamac deux ponts en dessous… Et ceci-dit, vu la taille du matelas, ça ne me gênerait pas qu’elle me le propose, juste pour que je puisse à nouveau me reposer sur des plumes au lieu d’un vague tressage de cordes inconfortable. _ Mais vous ne comprenez pas capitaine ! C’est un démon ! Des gens racontent que quand elle ne se croit pas surveillée, elle brise ses enchantements… Elle a des cheveux blancs capitaine ! _ Et ? _ Mais vous savez bien ! Ce n’est pas une couleur que les humains peuvent avoir naturellement ! Elle n’est donc pas humaine ! _ Ma grand-mère avait des cheveux blancs. Mon grand père aussi je crois, sauf qu’il est devenu chauve avant que j’aie l’âge de me souvenir, fit Shilkyn, pensif. _ Vous voyez, ça commence déjà ! _ Quoi donc ? _ L’ankylose ! _ Cérébrale ? _ Evidemment ! Cette fille va vous faire sombrer dans la plus profonde des folies en usant de sa magie noire ! _ Je pourrais en venir à me prendre pour un mouton ? _ Oui ! _ A essayer de brouter le pont du navire ? _ Oui ! _ Je pourrais me retourner contre l’équipage ? _ Oui ! _ Je pourrais devenir somnambule ? » _ Oui ! _ Eh bien c’est à ce moment là, mon cher Ryvan que tu feras ta fantastique apparition. Ce n’est pas comme si tu avais déjà eu à gérer une telle situation. » C’est à cet instant précis que Ryvan, le second, comprit que Shilkyn se moquait de lui depuis plus d’une minute. Il n’avait pas employé de mot désagréable, pas d’insulte, rien. Il s’était contenté de rester allongé sur un hamac, le chapeau rabattu sur le visage et de lui parler amicalement pour lui faire comprendre qu’il n’y avait aucun moyen de le faire changer d’avis pour la simple et bonne raison que c’était lui le capitaine. Dégoûté, il lâcha un « mfft » de protestation et sortit du navire. Après-tout, le capitaine avait tout intérêt à savoir ce qu’il faisait. « Au fait Ryvan. _ Oui ? fit ce dernier en se retournant plein d’espoir. _ Ceux qui ont espionné ce qui reste ma cabine sans autorisation… _ Oui ? _ Tu en fais ce que tu veux, mais je ne veux plus les voir sur ce navire. » *** Shilkyn frappa à la porte de sa propre cabine tout en se disant qu’il était bizarre d’attendre que quelqu’un lui donne l’autorisation d’entrer pour passer le pas de sa propre porte. La cabine avait entièrement été nettoyée et sentait bon les fleurs, bien que Shilkyn aurait eu du mal à dire lesquelles. Lorsque Roxanne reconnut Shilkyn, elle leva son enchantement sur ses cheveux. « Bonjour, capitaine. _ ‘Jour, répondit Shilkyn en se mettant à fouiller dans son bureau. _ J’ai tout rangé. _ Argh. _ Vous cherchez quelque chose en particulier ? _ Mon poignard. Je pars en ville aujourd’hui pour récupérer une voile avec mes hommes. _ Deuxième tiroir à partir de la gauche. Vous en aurez pour longtemps ? _ Quelques heures tout au plus, fit Shilkyn en récupérant le poignard et en l’enfilant à sa ceinture. Ce n’est pas comme si vous alliez vous faire manger quand je ne suis plus là pour vous protéger… Et puis c’est vous qui avez voulu venir. » Orr était comme à son habitude : bruyante, sale et remplie de monde. Lorsque le petit bateau de transport prêté par les Orriens le temps des travaux s’amarra au port, Ryvan et une dizaine d’autres matelots s’employèrent à y faire monter à bord une lourde voile pliée. Shilkyn lui, déprimé par la simple idée de devoir porter une lourde charge, se contenta du voyage pour profiter du soleil et prendre l’air. En quelques minutes, l’opération fut terminée et le voyage de retour s’amorça, non sans que Ryvan vienne consulter Shilkyn pour d’habituels problèmes de calculs de dépenses. Toutes les réserves d’or des dernières années allaient disparaître au cours des réparations et le second de Shilkyn s’inquiétait de ne plus pouvoir payer plus de cent matelots d’ici peu. Shilkyn et ce dernier cherchèrent sans grand résultat un moyen d’éviter la mutinerie lorsque cette annonce serait passée, jusqu’au moment où s’enfonçant dans les grottes des Fragments d’Orr, ils découvrirent que leur pire cauchemar était déjà en cours : des dizaines de marins se battaient arme à la main contre des dizaines d’autres, tandis que les matelots des trois autres navires corsaires partaient chercher leurs capitaines respectifs pour savoir s’il fallait intervenir ou non dans la mutinerie. Shilkyn les rejoignit peu après leur arrivée, à quelques dizaines de mètres du navire en cale sèche. Ils le regardèrent, étonnés. « Shilkyn Tysian ? Tu n’es pas à bord de ton navire pendant une mutinerie ? _ Il faut croire que non. _ C’est une première… Des mutins mais pas de capitaine à tuer. Tes marins font de plus en plus fort. _ A moins qu’ils n’en veuillent pas directement à vous, capitaine, fit Ryvan. _ Pardon ? Shilkyn avait peur de comprendre. _ Roxanne Tardel. Si j’ai accepté de vous faire confiance à son sujet, ce n’est pas le cas de tous et beaucoup doivent être convaincus qu’en la tuant, ils libèreront votre esprit. _ Qui est cette Roxanne Tardel ? demanda Dame Glaive qui venait d’arriver à son tour. _ Plus tard. Ryvan, avec moi ! » Laissant les capitaines sur place, Shilkyn, son second et les quelques membres d’équipage qui les avaient accompagnés montèrent à bord du Protée par un des multiples trous de la coque. Une fois à bord, Shilkyn comprit quelle était la difficulté de se battre pendant une mutinerie. « Je comprends bien pourquoi vous vous battez tous les deux, mais lequel d’entre vous est en fait de mon côté ? _ C’est moi, capitaine ! » Les deux avaient répondu de façon unanime, évidemment… Même les mutins croyaient en ce moment précis œuvrer pour le bien de Shilkyn. « Ryvan, sépare les combattants, je vais voir à ma cabine. _ Capitaine, seul, c’est un peu… _ En théorie, je serai le seul qui ne se fera pas attaquer. » Un bruit de porte qui cède retentit alors juste au dessus d’eux tandis qu’ils entendirent Roxanne pousser un cri de terreur. Shilkyn se jeta dans les escaliers. Tout se passa extrêmement vite. Shilkyn, arrivant après quelques coups de coudes à la porte défoncée de sa cabine n’eut que le temps de voir trois pirates arracher la robe de l’envoûteuse et de se préparer à la poignarder lorsque les yeux de celle-ci devinrent d’un violet plus profond, plus intense que d’habitude. Presque un violet lumineux. C’est alors que tout disparut : bateau, murs, grotte, meubles, pour ne laisser que Roxanne à moitié nue et une centaine de corsaires dans le vide le plus total. C’est alors que Shilkyn sentit sa main droite bouger de sa propre volonté vers sa ceinture et son poignard, qu’il dégaina. Chacun des autres pirates faisait de même et, le regard affolé, portait la lame de leur propre arme jusqu’à leur cou. Shilkyn ferma les yeux crispa tous ses muscles, en vain. Autour de lui, il entendait les coups secs de plus en plus nombreux de ceux qui, plus fragiles mentalement, s’étaient déjà donné la mort. Il s’apprêtait à abandonner lorsqu’une pierre le frappa au niveau du bras droit et de ce fait le désarma. Roxanne, ou plutôt l’être humanoïde à la peau et aux cheveux totalement blancs dont on ne discernait que les yeux violets eut l’air surprise. Le temps qu’elle mit à reprendre le contrôle de son enchantement sur Shilkyn qui venait d’être libéré fut cependant trop long pour empêcher le capitaine corsaire de lui décocher un uppercut du poing gauche. Tout réapparut. Après les quelques secondes que mirent les marins à se rendre compte qu’ils étaient sauvés, tous laissèrent tomber leurs armes et même leurs propres corps, épuisés par l’effort qu’ils venaient de faire pour résister à leur mort. Shilkyn aussi était épuisé… De plus, il était certain d’avoir plusieurs fractures à la main droite à la suite du jet de pierre. Il ne pourrait probablement plus jamais se battre à l’épée. Plus important, il vérifia que Roxanne Tardel était bien vivante puis la couvrit de sa cape, avant de s’écrouler à son tour sur le dos, haletant, regardant le plafond au dessus de lui… Puis le visage souriant de Ryvan. « Je sais Ryvan… Tu m’avais prévenu… C’était toi la… _ La pierre ? Oui. J’étais hors du navire quand elle a lancé son… Sort, et j’ai pu venir à votre secours… Mais je suppose que vous voulez la garder. _ Je ne sais… _ Je fais autant ça pour elle que pour vous. Pour votre plus grand malheur vous parlez en dormant et je sais comment vous la percevez, de plus, elle a également l’air profondément amoureuse et je m’en voudrais de vous gâcher ça, fit-il, souriant jusqu’aux oreilles. _ Ryvan, je vais te découper en petits… » Shilkyn s’évanouit.
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| | | Eshän Sinan Kassab
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| Sujet: Re: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:28 | |
| Chapitre XI - 1069 A.E - Spoiler:
Les trois capitaines attendaient le réveil de Shilkyn. Du moins, c’est ce qu’il supposa en revenant à lui dans sa cabine, entouré de visages mécontents. Ryvan était là aussi, surveillant le jeune moine qui s’occupait du bras droit de son capitaine. « Tu comptais nous cacher encore longtemps son existence, Shilkyn Tysian ? demanda Dame Glaive. _ Il me semblait qu’aux dernières nouvelles, j’étais encore maître à bord de mon propre navire. _ Ton navire est actuellement échoué dans une grotte dont j’ai pour le moment la responsabilité, aussi, autant les mutineries internes à ton navire je m’en moque, autant j’aimerais être mise au courant de l’existence à bord du Protée d’une personne capable de forcer une centaine de personnes à se suicider. _ Vous allez faire quoi, m’exiler ? Mon navire n’est pas encore en état de naviguer. _ Oh, bien sûr que non. Je ne vais pas t’interdire non plus de prendre cette fille dans ton équipage si ça te chante, mais seulement après que tu sois reparti d’ici. En attendant, je ne veux plus voir Roxanne Tardel dans cette grotte. Cet ordre est sans appel : nous l’avons déjà renvoyée sur le continent. _ Allez vous faire voir, Glaive. Vous voulez que je vous dise ? Vous êtes peut-être chez vous dans cette grotte immonde, mais ce navire est encore à moi et uniquement à moi, ainsi, je vous demande poliment de débarrasser le plancher, vous et vos autres capitaines. » Dame Glaive esquissa un mouvement de violence, immédiatement stoppé par le capitaine Lester, celui qui avait offert son cocard à Shilkyn il y a quelques mois lorsque ce dernier l’avait traité d’ours immonde. Il s’était lavé depuis. Les trois capitaines sortirent de la pièce, emportant le moine avec eux, laissant Ryvan et Shilkyn seuls. « Vous savez capitaine, je pense qu’ils ont raison… On ne peut décemment pas se permettre tant que nous sommes sous la responsabilité de quelqu’un d’autre de nous mettre en danger. _ Et je ne suis pas non plus convaincu qu’exiler cette fille au lieu d’essayer de les comprendre, elle et son pouvoir soit une excellente idée… Et ma main ? _ Fichue, j’en ai peur. Le moine a fait tout ce qu’il a pu, mais il pense que vous aurez tout de même énormément perdu en souplesse, ainsi qu’en force. Je m’en excuse. _ Ne t’excuse pas d’avoir sauvé la vie de l’équipage, fit Shilkyn en se levant et en mettant son bras plâtré en écharpe. Combien de morts ? _ Huit, trois mutins et cinq restés fidèles. On les a rendus à la mer en suivant la cérémonie. _ Merci Ryvan, je ne sais pas ce que je ferais sans toi. _ Vous iriez probablement revoir Roxanne Tardel en Orr pour essayer de comprendre son pouvoir, de lui demander s’il a des points faibles et s’il en a, de vous les avouer pour le bien de l’équipage… Et peut-être aussi de lui demander de vous enseigner les rudiments de la magie d’envoûtement qu’elle utilise, vu que de toute façon, vous ne pouvez plus manier d’épée… Le tout non sans l’inviter à un repas galant évidemment. _ Tu es un génie, Ryvan. _ Je sais. Le prochain navire pour Orr part dans vingt minutes, allez. » *** Shilkyn sortit son mouchoir afin d’éviter de toucher la cloche tranchante et rouillée. Il sonna et entra, pour tomber sur la même pièce totalement immonde que lors de son premier passage. La chaise était encore là où il l’avait laissée. Roxanne descendit de l’étage et s’arrêta subitement en voyant Shilkyn, baissant les yeux. « Quand je vois dans quel état de propreté vous avez mis ma cabine, j’ai du mal à croire que vous viviez ici… _ Je vis à l’étage. Les voleurs évitent de piller le coin quand ils voient l’état de cette pièce. _ Certes… J’ai des doutes sur le côté esthétique final, mais le pratique de la chose est indéniable. _ Vous venez me dire que je suis expulsée de l’équipage ? Me confirmer ce que cette Dame Glaive m’a dit ? Que je suis un monstre ? _ Cette décision n’appartient en tant que capitaine du Protée. _ Qu’est-ce que je dois faire ? _ Me prouver que vous ne pourrez pas être dangereuse pour les autres membres de l’équipage en me certifiant que ce qui s’est passé hier ne se reproduise plus. L’envoûteuse baissa les yeux. _ Vous ne contrôlez pas votre pouvoir, n’est-ce pas ? _ Non. J’ai poussé ma magie trop loin il y a bien longtemps, maintenant, c’est elle qui me contrôle. _ C’est à cause de ça les cheveux blancs ? _ Oui… _ Super, donc je vais aller droit au but, il va falloir me donner le point faible de votre magie pour pouvoir éviter de nouvelles victimes au cas où vous redeviendriez hors de contrôle. _ Il n’y en a pas, à moins de m’assommer comme vous l’avez fait. _ La magie ne pourrait pas ? _ Peut-être qu’un autre envoûteur pourrait… Mais ça ne court pas les rues. _ Ca tombe bien alors, je viens d’apprendre que je ne pourrai plus jamais tenir d’épée et il reste près d’un an avant de repartir sur les flots. _ Vous voulez que je vous initie ? demanda Roxanne Tardel, étonnée. _ J’ai cru comprendre que vous me faisiez confiance. _ C’est juste que vous ne pourrez pas… » Pour toute réponse, Shilkyn leva la main et ferma les yeux. Aussitôt, un papillon violet sortit de la paume de sa main et s’envola à travers la pièce avant de disparaître. « Vous maîtrisez déjà les illusions ? _ Ma mère faisait ça pour me calmer quand j’étais petit. Elle m’a appris le truc quand j’ai eu dix ans, mais j’ai bien peur que mes connaissances s’arrêtent là. _ Déjà, vous savez faire appel à la magie… Vous voulez commencer maintenant ? _ Quoi… Vous acceptez de me laisser apprendre vos faiblesses ? _ S’il faut ça pour quitter ce pays… Commençons par la base. Combien y a-t-il de différentes magies d’envoûtement ? _ Je ne savais même pas qu’il y en avait plusieurs… Roxanne soupira. _ Il y en a trois, l’inspiration qui se base sur un lien étroit entre son énergie et celle des autres et qui permet d’avoir un comportement purement agressif tout comme passif, l’illusion qui, comme son nom l’indique fait voir aux victimes ce que le lanceur de sort veut... _ C’est celle que vous utilisez ? _ Pas uniquement. Il y a enfin la magie de domination, attaquant directement le cerveau de l’adversaire. En fait, on ne peut normalement utiliser correctement qu’une seule forme de magie. Dans mon cas, c’est effectivement l’illusion. _ Mais vous avez utilisé la domination contre nous hier, je me trompe ? _ Cessez de m’interrompre, capitaine. J’utilise en effet la domination de façon inconsciente lorsque mes pouvoirs prennent le dessus. Tout est lié justement au fait que j’apprenne une nouvelle magie alors que je n’en avais pas le niveau : la magie de domination que je ne maîtrisais pas a pris le dessus, causant de nombreux dommages humains autour de moi et rendant mes cheveux blancs comme vous le voyez… Et c’est la magie de domination que vous allez devoir apprendre. _ Je ne risque pas de finir comme vous ? Je veux dire… Je maîtrise déjà un peu l’illusion. _ Si vous ne savez faire que des papillons violets… Je ne pense pas que ça posera problème. _ En avant alors… » Shilkyn ne savait pas pourquoi il faisait ça, si c’était pour amour envers Roxanne Tardel, pour simplement augmenter ses pouvoirs personnels ou pour une raison qui lui échappait encore… Mais il allait travailler dur.
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| | | Eshän Sinan Kassab
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| Sujet: Re: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:31 | |
| Chapitre XII - 1070 A.E - 1320 A.E - Spoiler:
Shilkyn sentit la brume qui l’enveloppait se dissiper lentement tandis qu’un sentiment de vie refit son apparition en lui : il avait mal.*** Shilkyn baissa les yeux sur l’enfant qui dormait paisiblement dans son berceau. Il avait le cerveau qui tournait à vide, ne réalisant pas encore qu’il était père. Les membres d’équipage qui l’avaient suivi en urgence dès qu’il avait appris la nouvelle, eux, par contre, s’en donnaient à cœur-joie. « Gouzi, gouzi ! _ On se lave les mains avant de toucher un bébé, Friedrich. _ D’ac Ryvan, je vais demander à une infirmière de me montrer les lavabos ! _ Ca va aller capitaine ? _ Hmm… _ C’est une fille ? _ Oui Seria, fit Ryvan qui s’efforcer d’expliquer les choses à tout le monde tandis que Shilkyn semblait déconnecté du monde et regardait son enfant sans bouger. _ Bah heureusement qu’elle tient plus de la mère que du père ! _ Ha, ha ! C’est rigolo quand même cette manie du rose pour les filles, moi je mettrais plutôt du vert… _ Bon… Sortez tous, on va laisser les parents seuls… Pete, tu laisses ces produits pharmaceutiques où tu les as trouvés. _ Attendez, c’est quoi son nom ? Capitaine ! _ J’ai dit : on sort, les gamins, votre âge mental avait pas besoin de diminuer en présence d’un bébé ! » Shilkyn, encore incrédule, leva les yeux vers Roxanne, alitée dans sa chambre, nettoyée bien avant l’occasion et tenue par les corsaires dans une propreté stérile. Elle lui fit en souriant un oui de la tête. Shilkyn l’attrapa avec beaucoup de précautions et la tint au creux de son bras gauche. « Te voilà enfin Sy-… » *** Shilkyn ouvrit les yeux sur ses mains d’un bleu translucide. Il hurla de douleur tandis qu’une pulsion magique traversait son corps comme un millier d’aiguilles transperçant chaque pore de sa peau.*** Shilkyn Tysian lâcha la main de Roxanne. L’envahisseur charr arrivait en Orr et elle devait rejoindre leur fille chez la mère de l’envoûteuse, sur le continent. Shilkyn savait que Roxanne voulait rester avec lui jusqu’à ce qu’il fuie les Fragments d’Orr avec le Protée, alors presque réparé, mais elle devait rejoindre l’enfant avant que la guerre ne frappe jusqu’aux Fragments. Elle l’avait écouté et était repartie pour Orr attendre le premier navire reliant le continent. Tandis que Shilkyn observait Orr qui se découpait sur la ligne d’horizon, une lumière fulgurante enveloppa l’île. S’ensuivit une déflagration qui atteignit jusqu’aux grottes des Fragments d’Orr, projetant Shikyn contre un mur et détachant des dizaines de stalactites du plafond qui détruisirent tous les bateaux de la flotte corsaire sous leur poids. *** La douleur ne s’échappait pas, se concentrant au contraire sur les trois entailles qui perçaient son âme. Tombant à genoux dans les marais sous Rata Sum, il croisa le regard vide d’un homme qui, accroupi devant lui, lui souriait gentiment. Un homme qu’il aimait et détestait à la fois, un homme qu’il recherchait depuis des années. « Telraan… »*** Shilkyn, à peine debout après la déflagration se retrouva dans un chaos total : le feu prenait partout dans les grottes creusées par les corsaires tandis qu’un homme arrivait sur le lac souterrain en barque, riant comme un dément… Shilkyn ne savait absolument pas ce qu’il se passait, mais cet homme, en qui il reconnut Fendi Nin, le second de Dame Glaive, était à ces yeux clairement responsable de la disparition de… Il préféra ne pas y penser. En se levant, il se rendit compte que son bras gauche était fracturé, aussi, il se saisit d’une lame comme il put avec sa main faible et courut vers son ennemi, bientôt suivi par Ryvan et d’autres marins qui avaient bien compris comme lui que Fendi Nin avait très clairement quelque chose à voir avec cette énorme explosion. Deux pirates doublèrent Shilkyn et se jetèrent sur Fendi Nin qui, comme balayant de l’air, les faucha dans leur course, tandis que les deux hommes se désintégrèrent peu à peu sur place dans d’horribles hurlements, leurs membres partant en poussière. Shilkyn essaya de poignarder Fendi Nin qui se contenta de le repousser sur plusieurs mètres d’une pichenette. Tandis qu’il se relevait, Shilkyn vit Ryvan attaquer le mage fou et subir le même sort que les deux corsaires précédents. Roxanne, et maintenant son meilleur ami… Shilkyn déchargea toute sa puissance magique pour essayer de pénétrer l’esprit de Fendi Nin et de le détruire de l’intérieur. L’esprit de Fendi Nin était entièrement vide. Shilkyn se trouvait en face d’un être sans la moindre conscience, une carapace contrôlée par une autre entité qu’il réussit à découvrir en luttant pour détruire le second de Dame Glaive. Il le vit debout devant lui, un homme tout vêtu de pourpre au regard perçant. Shilkyn, malgré ses efforts, fut repoussé hors de l’esprit de Fendi Nin avec une facilité déconcertante. *** Telraan, toujours souriant, posa sa main sur les entailles de Shilkyn. Aussitôt, la douleur cessa et ce dernier s’écrasa dans la boue des marécages, ou plutôt s’effondra à travers elle sans qu’elle ne touche son corps éthéré. Sa vue était floue, les images de son passé continuant de défiler devant son regard : le vizir Khilbron, Fendi Nin le transformant en esprit et le condamnant à l’errance, Telraan, Leandre, Myrddin, Kaiteng et bien d’autres dont les visages s’imprimaient dans son champ de vision durant quelques secondes avant de disparaître.
Toujours la tête dans la boue et à la limite de l’inconscience, Shilkyn vit Telraan se relever, l’observer et partir en sautillant. Il aurait voulu hurler, le retenir, mais il n’avait même pas assez de forces pour ouvrir la bouche. Il sombra.
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| | | Eshän Sinan Kassab
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| Sujet: Re: Shilkyn Tysian Mar 22 Mai - 10:33 | |
| Chapitre XIII - 1320 A.E - Spoiler:
Shilkyn se laissa dériver sur le dos à la surface des eaux lentes et sinueuses de la Côte ternie, réfléchissant intensément à sa situation et observant la canopée des arbres touffus qui recouvraient toute la région, comme subitement fendue par le cours d’eau, brèche dans le cœur végétal de la Kryte. Il faisait nuit, mais le ciel n’était pas étoilé, la lumière – bien que lointaine – de Rata Sum donnait une teinte grisâtre à la voûte nocturne. Quand il était jeune, Shilkyn avait pour habitude dans ses jeux d’enfants de s’imaginer à la conquête de terres inconnues, aventurier légendaire ou héros d’un nouveau monde. Maintenant, il allait sur ses trois cent ans et le confort d’une maison en pleine ville paraissait au vieux fantôme meurtri qu’il était, préférable à la vie d’aventure, passée à combattre des créatures fantastiques. Meurtri, c’était le mot. Arrachant son bras spectral à la tourbe, il passa le doigt sur ses blessures : refermées. Il n’en restait qu’une simple cicatrice et pourtant Shilkyn se sentait terriblement affaibli. Il ne savait pas combien de temps s’était écoulé avant que Telraan ne le réveille. Un jour ? Un mois ? Beaucoup plus ? Stanis Kraus et Telraan. Shilkyn était convaincu que sans la rencontre de personnes telles que celles-là, son orgueil aurait cru au-delà de ce qui était imaginable. Stanis Kraus, un des descendants d’une des plus grandes familles d’assassins qu’il n’ait jamais connue, un soldat adepte du meurtre, armé de faux capables de détruire les âmes… Ou Telraan qui, largement au-delà du niveau de combat de Stanis, avait pris le contrôle de la mort en personne en lui sacrifiant son esprit. Alors que Shilkyn commençait à se dire que le monde ne se porterait que mieux sans magie, sa tête heurta une branche solidement accrochée à la rive. S’appuyant dessus, Shilkyn s’arracha aux eaux calmes sans laisser derrière lui la moindre perturbation dans la tourbe marécageuse, pas la moindre vaguelette. Depuis sa mort, Shilkyn avait rencontré un grand nombre de fantômes et d’esprits errants comme lui, mais ceux-ci semblaient se détacher lentement du monde réel, se contentant simplement d’exister, invisible aux yeux de tous… Ou presque. Shilkyn avait été tiré de sa torpeur fantomatique il y a de ça plus de deux cent cinquante années par le même Telraan qui l’avait sauvé du néant il y a quelques heures, avant de disparaître comme toujours sans laisser le moindre message ou la moindre trace derrière lui. La première fois qu’il l’avait croisé, Telraan n’était qu’un simple ami de Leandre Yrvyn, les deux faisant alors partie de la Lame Brillante. Leandre Yrvyn, encore un cas de légende, et qui plus est, l’ancêtre de Benjamin Yrvyn… Shilkyn se dit en se grattant la tête que le monde était définitivement trop petit pour lui et que les personnes qui gravitaient autour de lui depuis toujours étaient décidément beaucoup trop puissantes pour l’entendement commun de simples mortels comme il avait longtemps été. D’un pas tranquille, Shilkyn se faufila telle une ombre entre les arbres de la Côte Ternie. Direction Rata Sum et de là le Promontoire Divin. Il ne connaissait qu’un seul lieu où on pouvait trouver des locustes en bonne santé, et Shilkyn ne comptait pas rester indéfiniment sans corps, immatériel et invisible. Tout fantôme qu’il était, il savait que son esprit avait été profondément corrompu lorsque le mage noir Fendi Nin l’avait extrait de son corps en force, aussi, il comptait bien continuer à tuer des gens dans d’immenses bains de sang pendant encore un moment. *** Rata Sum avait vraiment grandi. Shilkyn ignorait toujours combien de temps il était resté inconscient avant que Telraan ne vienne à son secours, mais il était maintenant évident qu’il s’agissait là de plusieurs années. Pendant un bref instant, Shilkyn alla même jusqu’à se demander ce qui était advenu à ses connaissances de l’époque : Kilitas le charr, Syïlian, Rodolphe… Et Archimède. Son oiseau de compagnie avait disparu pendant le combat contre Stannis et Shilkyn s’inquiétait pour lui autant qu’il était possible pour un non-vivant de ressentir ce genre de sentiment. Après plusieurs heures de recherche dans l’immense amas de technologie qu’était la capitale asura, Shilkyn découvrit enfin un portail ouvert en direction du Promontoire Divin dans lequel se pressaient des dizaines de personnes, guerriers, marchands, paysans et nobles, agglutinés dans une queue sans fin. Esquissant un sourire, Shilkyn traversa le groupe et entra dans le portail. Après tout, être immatériel avait ses bons côtés. Si Shilkyn pouvait encore être réellement étonné, il aurait surement poussé un « whow » d’admiration ou un quelconque cri de ce genre en découvrant ce qu’était devenu le Promontoire Divin, du moins, c’est ce qu’il se dit. Le portail asura débouchait au centre d’une vaste place pavée qui dominait la plus grande cité que Shilkyn ait jamais vue, plus grande encore qu’Arah, la capitale d’Orr lorsque l’île n’avait pas encore été engloutie sous les flots. Des centaines… Des milliers d’êtres vivants fourmillaient où qu’il regarde : Charrs, Humains, Asuras, Norns et même quelques étranges êtres ressemblant fortement à des plantes humanoïdes que Shilkyn n’avait jamais rencontrés. La ville puait la vie et la joie de vivre, elle suintait le contentement et le train-train quotidien par chacune de ses briques. Chacun des soldats que Shilkyn voyait portait une armure d’acier poli et reluisant qui reflétait la lumière du soleil. Ecœuré par tout ce qu’il voyait et en particulier convaincu qu’aucun de ses gardes ne méritait d’être affublé du titre de « soldat », Shilkyn s’enfonça dans la ville en espérant y trouver un quartier lugubre, sinistre et mal famé. Les locustes ne s’achetaient pas dans les magasins d’honnêtes gens… L’horreur de Shilkyn fut absolue lorsqu’il atteignit les bordures de la cité… Rien, pas la moindre auberge louche, pas le moindre repaire de malfrats, que de grandes maisons de propriétaires en bois et briques, aux fenêtres de verre et non-protégées par des barres de métal… Elles étaient pourtant toutes intactes. N’y avait-il pas d’assassin, pas de truand dans cette maudite cité ? Shilkyn détestait tout dans cette ville : ses habitants, ses belles fenêtres, ses soldats manucurés, ses… « Pardon, je dois passer. » Shilkyn leva soudain les yeux, sortant subitement de sa torpeur. Devant-lui se trouvait un jeune Norn d’une vingtaine d’années ou un peu moins qui poussait une brouette vide… Un paysan se dit Shilkyn… Mais un paysan qui semblait le regarder fixement, avec insistance. « Pardon… Je dois passer, répéta le Norn. _ Euh… Tu t’adresse à moi, gamin ? demanda Shilkyn, dans le doute. _ Personne d’autre n’est actuellement en train de me barrer le chemin… _ Tu arrives à me voir ? s’exclama Shilkyn, il n’avait croisé que de très rares cas de personnes capables de percevoir même vaguement les esprits des morts et ne connaissait que Telraan pour voir les fantômes et les légendaires guerriers Weh-No-Su, les soldats « plus prêts des étoiles », mais ce paysan ne semblait pas en être un, ou il cachait bien son jeu. _ Evidemment que j’arrive à vous voir… Maintenant si vous vouliez bien vous décaler de quelques centimètres, répondit le Norn, apparemment exaspéré par les questions de Shilkyn. _ Eh bien… Tu peux me traverser sans problème non ? _ Vous traverser ? Vous êtes immatériel ? _ On peut dire ça, fit Shilkyn en s’écartant pour laisser le paysan passer. Ca t’arrive fréquemment de voir les morts ? _ Les morts ? Eh bien, étudiant la nécromancie, je trouve ça normal… Mais je n’arrive pas à différencier les morts des vivants. _ Tu sais que seul un nécromant sur cent arrive à peine à ressentir les esprits autour de lui et que les ritualistes canthiens sont obligés de se crever les yeux pour y parvenir ? _ Oh. Eh bien pourtant je vous vois. _ Certes… Et tu as un maître ? Je suis à la recherche d’un produit d’un niveau de nécromancie plutôt élevé et… _ Je n’ai pas de maître. _ Sans blague ? _ Sans blague. Par contre vous êtes le premier esprit à vraiment avoir gardé contact avec le monde réel que je rencontre. _ Un… Homme… très puissant… a cassé les chaînes qui engourdissaient mon esprit. _ Oh. Je pense que vous pouvez me suivre, je me rends à un magasin d’épices non-loin. Ils auront peut-être ce qu’il vous faut. _ Je ne cherche pas vraiment du paprika ou du… Gingembre. _ Une fille qui travaille là bas voit les esprits elle aussi, et je m’y rends pour acheter du matériel pour mon entraînement. _ Ville de fous… » Shilkyn suivit le Norn qui disait s’appeler Kassander à travers plusieurs ruelles toujours aussi peuplées. Le monde avait vraiment changé depuis que Stanis avait failli l’achever ; ou bien il était tombé sur les deux plus grands surdoués en matière de nécromancie dont il n’ait jamais entendu parler. Le magasin d’épices était banal et les vendeurs tout autant. La femme qui tenait le comptoir, âgée d’une quarantaine d’années ne semblait pas voir Shilkyn, aussi, ce dernier la traversa sans faire de manières et s’engouffra dans l’arrière boutique en laissant Kassander acheter ses produits. L’arrière-boutique ressemblait à un magasin d’alchimiste : de nombreux bocaux de terre ou de verre étaient empilés sur de grandes étagères, remplis de poudres et objets divers dont Shilkyn ignorait pour la plupart jusqu’à l’existence jusqu’à ce jour. Shilkyn s’attardait sur un petit pot rempli d’un Fortifiant à base de racines lorsqu’une voix enfantine résonna derrière lui. « Je doute que vous en ayez besoin, pour maintenant ... » Shilkyn se retourna. Lentement. Une gamine. Une gamine de treize ans au grand maximum, malgré son regard froid et son teint blafard qui la vieillissaient légèrement en plus de lui donner un air extrêmement sévère. « Tu me vois ? _ Non, je parle au bocal derrière-toi… » Shilkyn soupira profondément, des enfants pouvaient avoir des pouvoirs impressionnants après tout, et après réflexion, il comptait mettre ce don à son profit. « Dis, petite, je cherche des locustes. Deux suffiraient, mais si tu en as deux ou trois cent, ça serait vraiment idéal. _ On ne vend que des épices ici ou des produits dérivés. C’est quoi un locuste ? _ Une locuste. Un insecte qui ressemble à une sauterelle mais en carnivore. _ Oui on en a, juste à côté des limaces bicéphales vénéneuses. La petite marqua une pause de quelques secondes avant de reprendre. _ Ici c'est une épicerie au cas où vous n'auriez pas remarqué... et ma tante ne supporte pas les bêtes… Vous voulez faire dévorer qui avec ça? Ca pourrait dévorer ma tante vous pensez ? _ Tous les nécromants de Tyrie se battraient pour obtenir de quoi en faire une colonie. C’est une arme mortelle. _ SI c'est une arme, il faudrait aller voir la guilde des assassins je présume. _ La guilde des assassins ? _ Ils sont installés dans une taverne non loin des murailles extérieures, il parait que c’est un endroit dangereux de la ville. _ Ca existe encore ça ? Tu saurais m’y conduire ? _ Je saurais, mais encore faudrait-il que j'en ai envie. _ Et que veux-tu en échange ? _ Selon tes dires, il semblerait que tu sois l’esprit d’un nécromancien. Je n'ai qu'un vieux livre de sort qui perd ses pages, si tu m'apprend à me servir de ces bestioles, je te montre la guilde. » La petite croisa les bras sur sa poitrine, le visage inexpressif, attendant une réponse, puis elle releva le menton en signe de défi au bout de quelques secondes. _Alors, marché conclu ? Shilkyn écarquilla les yeux. A l’évocation d’une arme mortelle, cette fille n’avait non-seulement pas bronché mais s’était en plus montrée intéressée. Au fond de lui s’éveilla un profond sentiment de sadisme aigu. Au cœur de son âme, les résidus de la magie noire de Fendi Nin sortirent de leur torpeur. S’abaissant à la hauteur du visage de la jeune fille, Shilkyn étira sa bouche dans un sourire dément et profondément diabolique avant d’exploser de rire. « Tu me plais, gamine ! »
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| Sujet: Re: Shilkyn Tysian | |
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